vendredi 19 juin 2009

La vraie parole et (est) la présence vivante

La vraie parole, la parole de vie, quand elle résonne au cœur de l’homme, ouvre la porte au silence de la reconnaissance mutuelle : elle unit dans la communion originelle les sujets qu’elle différencie. Ainsi orientée, la différence subjective entre les êtres devient lien de l’unité dans l’esprit.

Qu’est-ce qui fait perdre la parole ?


La perte de la parole est toujours corrélative d’une volonté de dominer pour ne pas être envahi, de devenir moi, le tout, le seul, le « moi tout seul ». Cette volonté est négation du désir. Elle annule la différence entre le sujet et l’objet, entre la vie donnée et la vie reçue. Elle l’annule entre l’homme et la femme qui ne se reconnaissent plus dans la vérité de l’esprit qui les unit, dans la différence sans laquelle le monde ne serait pas vivant, sans laquelle la vie ne s’engendrerait ni ne se révélerait dans le monde.

Laisser la parole de l’autre nous atteindre et répondre sans crainte, n’est-ce pas cela être libre ?

Oui. La liberté véritable ne se veut pas pour elle-même. Etre libre, c’est être investi par la parole de vérité qui est en nous. Une telle obéissance à la vie échappe à l’emprise qui retient et confisque la liberté dans le mensonge ou dans la peur de la mort.
Une liberté qui choisirait n’importe quoi sans obéir à la parole ne serait qu’une errance.

Je voudrais que vous me donniez un exemple.

La vérité passe par quelqu’un. Elle a le goût de la présence vivante qui témoigne de la parole échangée. Elle est corrélative de la confiance, pourquoi même ne pas dire de la foi en celui qui s’adresse à moi. La réassurance dans l’ordre de la vérité passe par une présence vivante qui témoigne de l’intention droite du désir qui m’habite plutôt que par la certitude d’un savoir exact. La faiblesse de l’intelligence et la brûlure de la contrariété, voire la souffrance, peuvent aller de pair avec la joie de demeurer dans la vérité du désir…que je n’ai même pas su exprimer.

Denis VASSE, La vie et les vivants, Conversations avec Françoise Muckensturm, Paris, Seuil, 2001, pp.58-60.

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