vendredi 23 mars 2012

March 10, 1859

These earliest spring days are peculiarly pleasant.We shall have no more of them for a year. I am apt to forget that we may have raw and blustering days a month hence. The combination of this delicious air, which you do not want to be warmer or softer, with the presence of ice and snow, you sitting on the bare russet portions, the south hillsides, of the earth, this is charm of these days. It is the summer beginning to show itself like an old friend in the midst of winter. You ramble from one drier russet patch to another. These are your stages. You have the air and sun of summer, over snow and ice, and in some places even the rustling of dry leaves under your feet, as in Indian-summer days.


Henry David THOREAU, Journal (1906)

mardi 20 mars 2012

La rencontre

Le moment de la rencontre est un moment unique où conscient et inconscient s'interpénètrent ; le souhait devient réalité, le rêve descend sur terre et apparaît sous forme d'un visage distingué entre tous, comme l'"objet" attendu secrètement par l'un et l'autre.
Depuis le stade du Miroir où nous avons émergé de la symbiose avec la mère et découvert la solitude, chacun de nous attendait cet autre moment qui annulerait la dualité alors découverte et rétablirait l'unité première. L'amour, c'est la tentative de repasser le Miroir dans l'autre sens, c'est annuler la différence, c'est renoncer à l'individu au nom de la symbiose (n'est-ce pas le même fantasme qui nous poussera à franchir également la barrière des corps et nous poussera à l'union sexuelle, vue comme perte de conscience de soi, et redécouverte de "l'un" réparti en deux corps, sans limites?).
L'amour, c'est le désir poussé à l'extrême d'une seule identité pour deux, c'est le passage en force du fantasme primitif de l'unicité avec la Mère. Disparité, différence, dissymétrie, se transforment au moment de l'amour en : assortiment, similitude, symétrie parfaite de deux désirs.
"L'amour est aveugle", dit-on ; c'est profondément vrai, car le principe de plaisir toujours présent dans notre vie nous pousse à retrouver la fusion idéale à la mère, fusion que nous avons laissée derrière nous, et que nous ne cessons de vouloir retrouver à travers l'objet aimé. Cela nous mènera à confondre rêve et réalité, au point de confondre un visage avec un autre, d'assimiler un sourire à un autre ; à force de vouloir voir l'"objet idéal" nous n'y voyons plus clair du tout... Nous sommes livrés aux mirages de notre inconscient. Ainsi les défauts de l'être aimé seront gommés au bénéfice de ses qualités, et si défauts il y a, ils seront assimilés à des ressemblances entre les partenaires amoureux.
En amour tout le monde rêve. Mais y a-t-il mieux à faire contre l'irréparable solitude découverte au stade du Miroir ?

Christiane OLIVIER, Les enfants de Jocaste (1980)

dimanche 18 mars 2012

Incantation

Les nuits de printemps pense à moi
et les nuits d'été pense à moi.
Les nuits d'automne pense à moi
et les nuits d'hiver pense à moi.
Je ne suis pas là-bas avec toi mais ici,
errant, me  semble-t-il, en un autre pays.
Sur le drap frais où tu dors à demi,
ce drap comme la mer sous ton corps alangui,
donne-toi à la vague, à la vague indolente
toute seule avec moi comme avec cette mer.

Le jour je ne veux pas, lointaine, que tu penses.
Qu'il bouleverse tout, à sa guise, le jour,
qu'il répande fumée et vin,
qu'il oblige à penser à autre chose !
Pense, le jour, comme il te plaît
mais, la nuit, ne pense plus qu'à moi.

Lorsque sifflent les trains,
lorsque le vent déchire en lambeaux les nuages,
écoute à quel point, dans l'étau qui m'écrase,
j'ai besoin que tes yeux se ferment de bonheur
et que tes mains, en cette chambre étroite,
serrent mes tempes jusqu'à me faire mal.

Au coeur du plus profond silence,
sous l'averse qui chante,
la neige scintillante,
dans tes rêves du soir, je t'en prie, pense à moi.
Les nuits de printemps pense à moi
et les nuits d'été pense à moi.
Les nuits d'automne pense à moi
et les nuits d'hiver pense à moi.

Eugène EVTOUCHENKO, Trois minutes de vérité (1963)

Le Ruisseau

    L ’ entendez-vous , l’entendez-vous   Le menu flot sur les cailloux ?   Il passe et court et glisse,  Et doucement dédie aux branches,...