Je vous salue ma France arrachée aux fantômes
O rendue à la paix Vaisseau sauvé des eaux
Pays qui chante Orléans Beaugency Vendôme
Cloches cloches sonnez l'angélus des oiseaux
Je vous salue ma France aux yeux de tourterelle
Jamais trop mon tourment mon amour jamais trop
Ma France mon ancienne et nouvelle querelle
Sol semé de héros ciel plein de passereaux
Je vous salue ma France où les vents se calmèrent
Ma France de toujours que la géographie
Ouvre comme une paume aux souffles de la mer
Pour que l'oiseau du large y vienne et se confie
Je vous salue ma France où l'oiseau de passage
De Lille à Roncevaux de Brest au Mont Cenis
Pour la première fois a fait l'apprentissage
De ce qu'il peut coûter d'abandonner un nid
Patrie également à la colombe ou l'aigle
De l'audace et du chant doublement habitée
Je vous salue ma France où les blés et les seigles
Mûrissent au soleil de la diversité ...
Heureuse et forte enfin qui portez pour écharpe
Cet arc-en-ciel témoin qu'il ne tonnera plus
Liberté dont frémit le silence des harpes
Ma France d'au-delà le déluge salut
Louis ARAGON, Le Musée Grévin
Pour le 70ème anniversaire de l'Appel du Général de Gaulle.
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
jeudi 17 juin 2010
mercredi 16 juin 2010
Le droit de l'homme
En entrant dans la cathédrale, j'ai remarqué un bébé porté dans les bras de sa mère. (...)
Ce bébé, quel est son droit ? Quels sont ses droits ? Quel juriste peut mieux que sa mère répondre à cette question ? "Tu as tous les droits, mon fils. Tu as tous les droits sur moi, car je t'aime".
Son droit, c'est l'amour dont il est aimé; c'est aussi sa dignité. Alors qu'il est encore sans défense, sans revendication, sans parole. Ou plutôt qu'il s'exprime d'une façon que seul l'amour de sa mère qui l'aime peut comprendre. Seul cet amour peut le reconnaître et le faire reconnaître.
Le droit de l'homme, notre droit, c'est l'amour dont nous sommes aimés.
Jean-Marie LUSTIGER, Dieu merci, les droits de l'homme
Ce bébé, quel est son droit ? Quels sont ses droits ? Quel juriste peut mieux que sa mère répondre à cette question ? "Tu as tous les droits, mon fils. Tu as tous les droits sur moi, car je t'aime".
Son droit, c'est l'amour dont il est aimé; c'est aussi sa dignité. Alors qu'il est encore sans défense, sans revendication, sans parole. Ou plutôt qu'il s'exprime d'une façon que seul l'amour de sa mère qui l'aime peut comprendre. Seul cet amour peut le reconnaître et le faire reconnaître.
Le droit de l'homme, notre droit, c'est l'amour dont nous sommes aimés.
Jean-Marie LUSTIGER, Dieu merci, les droits de l'homme
mardi 15 juin 2010
I have no life but this
I have no life but this,
To lead it here;
Nor any death, but lest
Dispelled from there;
Nor tie to earths to come
Nor action new,
Except through this extent,
The realm of you.
....
Not knowing when the dawn will come
I open every door;
Or has it feathers like a bird,
Or billows like a shore ?
Emily DICKINSON, Selected Poems and letters (edited by Robert N. Linscott)
To lead it here;
Nor any death, but lest
Dispelled from there;
Nor tie to earths to come
Nor action new,
Except through this extent,
The realm of you.
....
Not knowing when the dawn will come
I open every door;
Or has it feathers like a bird,
Or billows like a shore ?
Emily DICKINSON, Selected Poems and letters (edited by Robert N. Linscott)
lundi 14 juin 2010
Chant d'automne (fragment)
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !
Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !
Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal
dimanche 13 juin 2010
Offrande
Le monde t'appartient, maintenant et à jamais
Et parce que tu n'as point de désirs, ô mon roi, tu ne prends point plaisir en tes richesses.
Et elles sont comme si elles n'étaient pas.
C'est pourquoi, à travers le temps qui coule si lent, tu me donnes ce qui est à toi, et sans cesse reconquiers en moi ton royaume.
Jour à jour tu demandes à mon coeur ton soleil levant, et tu trouves ton amour sculpté dans l'image de ma vie.
Rabindranath TAGORE, La Corbeille de fruits
Et parce que tu n'as point de désirs, ô mon roi, tu ne prends point plaisir en tes richesses.
Et elles sont comme si elles n'étaient pas.
C'est pourquoi, à travers le temps qui coule si lent, tu me donnes ce qui est à toi, et sans cesse reconquiers en moi ton royaume.
Jour à jour tu demandes à mon coeur ton soleil levant, et tu trouves ton amour sculpté dans l'image de ma vie.
Rabindranath TAGORE, La Corbeille de fruits
samedi 12 juin 2010
Le Naufragé
Avec la brise en poupe et par un ciel serein,
Voyant le Phare fuir à travers la mâture,
Il est parti d'Egypte au lever de l'Arcture,
Fier de sa nef rapide aux flancs doublés d'airain.
Il ne reverra plus le môle Alexandrin.
Dans le sable où pas même un chevreau ne pâture
La tempête a creusé sa triste sépulture;
Le vent du large y tord quelque arbuste marin.
Au pli le plus profond de la mouvante dune,
En la nuit sans aurore et sans astre et sans lune,
Que le navigateur trouve enfin le repos.
O Terre, ô Mer, pitié pour son Ombre anxieuse !
Et sur la rive hellène où sont venus ses os,
Soyez-lui, toi, légère, et toi, silencieuse.
José-Maria de HEREDIA, Les Trophées (1893)
Voyant le Phare fuir à travers la mâture,
Il est parti d'Egypte au lever de l'Arcture,
Fier de sa nef rapide aux flancs doublés d'airain.
Il ne reverra plus le môle Alexandrin.
Dans le sable où pas même un chevreau ne pâture
La tempête a creusé sa triste sépulture;
Le vent du large y tord quelque arbuste marin.
Au pli le plus profond de la mouvante dune,
En la nuit sans aurore et sans astre et sans lune,
Que le navigateur trouve enfin le repos.
O Terre, ô Mer, pitié pour son Ombre anxieuse !
Et sur la rive hellène où sont venus ses os,
Soyez-lui, toi, légère, et toi, silencieuse.
José-Maria de HEREDIA, Les Trophées (1893)
vendredi 11 juin 2010
Green
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon coeur, qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul VERLAINE, Romances sans paroles, Aquarelles
Et puis voici mon coeur, qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul VERLAINE, Romances sans paroles, Aquarelles
mercredi 9 juin 2010
Humaniser
Alors que nous pourrions passer cette brève permission qu'est l'existence à la façon d'une plante, d'un laurier - pourquoi avons-nous à la vivre en hommes ? Non certes pour nous assurer un bonheur hasardeux qui n'anticipe jamais que sur une perte inévitable et prochaine, mais parce que nous avons à répondre à un certain appel qui nous est adressé.
Gabriel MARCEL, Homo viator (1944)
Gabriel MARCEL, Homo viator (1944)
mardi 8 juin 2010
Tu m'as trouvé ...
Tu m'as trouvé comme un caillou que l'on ramasse sur la plage
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l'usage
Comme l'algue sur un sextant qu'échoue à terre la marée
Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu'à entrer
Comme le désordre d'une chambre d'hôtel qu'on n'a pas faite
Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont prise dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s'en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l'ombre noire des prisons
Comme l'affolement d'un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l'amant trahi la marque rouge d'une bague
Une voiture abandonnée au beau milieu d'un terrain vague
Comme une lettre déchirée éparpillée au vent des rues
Comme le hâle sur les mains qu'a laissé l'été disparu
Comme le regard égaré de l'être qui voit qu'il s'égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du coeur et de l'arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n'en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d'un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l'eau sale d'une mare
Comme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemars
Comme une injure au soleil avec de la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rien n'a changé sous les cieux
Tu m'as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s'était couché dans l'étable
Comme un chien qui porte un collier aux intiales d'autrui
Un homme des jours d'autrefois empli de fureur et de bruit
Louis ARAGON, Le Roman inachevé (1956)
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l'usage
Comme l'algue sur un sextant qu'échoue à terre la marée
Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu'à entrer
Comme le désordre d'une chambre d'hôtel qu'on n'a pas faite
Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont prise dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s'en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l'ombre noire des prisons
Comme l'affolement d'un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l'amant trahi la marque rouge d'une bague
Une voiture abandonnée au beau milieu d'un terrain vague
Comme une lettre déchirée éparpillée au vent des rues
Comme le hâle sur les mains qu'a laissé l'été disparu
Comme le regard égaré de l'être qui voit qu'il s'égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du coeur et de l'arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n'en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d'un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l'eau sale d'une mare
Comme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemars
Comme une injure au soleil avec de la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rien n'a changé sous les cieux
Tu m'as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s'était couché dans l'étable
Comme un chien qui porte un collier aux intiales d'autrui
Un homme des jours d'autrefois empli de fureur et de bruit
Louis ARAGON, Le Roman inachevé (1956)
mercredi 2 juin 2010
The Shepherd
How sweet is the Shepherds sweet lot,
From the morn to the evening he strays :
He shall follow his sheep all the day
And his tongue shall be filled with praise.
For he hears the lambs innocent call.
And he hears the ewes tender reply.
He is watchful while they are in peace,
For they know when their Shepherd is nigh.
William BLAKE, Song of Innocence and of Experience
Qu'il est doux le doux sort du Berger,
Du matin au soir il bat la campagne :
Tout le jour il suit ses moutons
Et sa bouche est emplie de louanges.
Car il entend l'appel innocent des agneaux.
Et il entend la tendre réponse des brebis.
Il veille et ils sont en paix
Car ils savent que leur Berger est auprès d'eux.
(ma traduction littérale)
From the morn to the evening he strays :
He shall follow his sheep all the day
And his tongue shall be filled with praise.
For he hears the lambs innocent call.
And he hears the ewes tender reply.
He is watchful while they are in peace,
For they know when their Shepherd is nigh.
William BLAKE, Song of Innocence and of Experience
Qu'il est doux le doux sort du Berger,
Du matin au soir il bat la campagne :
Tout le jour il suit ses moutons
Et sa bouche est emplie de louanges.
Car il entend l'appel innocent des agneaux.
Et il entend la tendre réponse des brebis.
Il veille et ils sont en paix
Car ils savent que leur Berger est auprès d'eux.
(ma traduction littérale)
mardi 1 juin 2010
L'inter-dit
« L’amour n’est pas à proprement parler une possibilité, mais plutôt le franchissement de quelque chose qui pouvait apparaître comme impossible. »
Alain BADIOU, Eloge de l'amour
Alain BADIOU, Eloge de l'amour
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