samedi 22 juin 2013

Dieu est lumière

L'esprit de vérité n'est rien s'il n'est pas une lumière qui se porte au devant de la lumière, l'intelligibilité n'est rien si elle n'est pas à la fois une rencontre et la joie nuptiale qui s'attache à cette rencontre ; plus je tente de m'élever vers cette lumière incréée sans laquelle je ne serais pas regard - autant dire que je ne serais pas du tout - plus je progresse moi-même en quelque façon dans la foi.

Gabriel MARCEL, Le mystère de l'être, Tome 2 Foi et réalité.

jeudi 13 juin 2013

Solitude et communion

"Au sein même du constructivisme optimiste de la sociologie et du socialisme, le sentiment de solitude se maintient et menace. Il permet de dénoncer comme divertissement pascalien, comme simple oubli de la solitude les joies de la communication, les oeuvres collectives et tout ce qui rend le monde habitable. Le fait de s'y trouver installé, de s'occuper des choses, de s'attacher à elles et même l'aspiration à dominer les choses - n'est pas seulement déprécié dans l'expérience de la solitude, mais expliqué par une philosophie de la solitude. Le souci des choses et des besoins serait une chute, une fuite devant la finalité dernière qu'impliquent ces besoins eux-mêmes, une inconséquence, une non-vérité, fatale, certes, mais portant la marque de l'inférieur et du réprouvable."

Emmanuel LEVINAS, Le temps et l'autre (1979)

lundi 10 juin 2013

Les yeux

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.

Sully PRUDHOMME, La Vie Intérieure.

Le Ruisseau

    L ’ entendez-vous , l’entendez-vous   Le menu flot sur les cailloux ?   Il passe et court et glisse,  Et doucement dédie aux branches,...