mercredi 29 janvier 2014

L'humanité est une

L'humanité est une sur le plan psychologique et affectif. Certes, les rires, les larmes, les sourires sont modulés, inhibés ou exhibés différemment selon les cultures. Mais, en dépit de l'extrême diversité de ces cultures et des types de personnalité qui s'imposent, les rires, les larmes et les sourires sont universels.
Les êtres humains ont déployé une diaspora qui les a conduits à peupler tous les habitats de la planète.
Les êtres humains présentent des caractéristiques physiques - taille, couleur de peau, forme des yeux et du nez - différenciés ; ils présentent des cultures et des langues différenciées qui sont devenues inintelligible les unes pour les autres ; ils présentent des rites et des usages différenciés qui sont devenus incompréhensibles les uns pour les autres ; ils présentent des croyances différenciées qui sont devenues irréductibles les unes aux autres.
Mais, dans l'humanité, partout il y a du mythe ; partout il y a de la rationalité ; partout il y a des stratégies et des inventions ; partout il y a de la danse, du rythme et de la musique; partout il y a du plaisir, de l'amour, de la tendresse, de l'amitié, de la colère et de la haine ; partout l'imaginaire prolifère.
Et, pour différents que soient leurs formules et leurs dosages, il y a partout un indissociable mélange de raison et de folie.

Edgar MORIN, Mauro CERUTI, Notre Europe, Décomposition ou métamorphose (2014)


dimanche 26 janvier 2014

La Rose et le Réséda


Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fût de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfèrent les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
A la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda

Louis ARAGON, (1943)

Le Ruisseau

    L ’ entendez-vous , l’entendez-vous   Le menu flot sur les cailloux ?   Il passe et court et glisse,  Et doucement dédie aux branches,...