mercredi 31 octobre 2012

To Jane : The recollection (fragment)

We wandered to the Pine Forest
That skirts the Ocean's foam,
The lightest wind was in its nest,
The tempest in its home.
The whispering waves were half asleep,
The clouds were gone to play,
And on the bosom deep
The smile of Heaven lay ;
It seemed as if the hour were one
Sent from beyond the skies,
Which scattered from above the sun
A light of Paradise.

Percy Bysshe SHELLEY (poem written in 1822)

Le Ressouvenir

Nous errions vers la forêt de pins
Que borde l'écume de l'Océan,
Le plus léger vent était dans son nid,
La tempête dans sa demeure.
Les ondes murmurantes étaient mi-endormies,
Les nuages étaient partis jouer,
Et sur le sein de l'abîme,
Le sourire des cieux s'étendait ;
Il semblait comme si l'heure en fût une
Envoyée de par-delà le ciel,
Qui dispersât de plus haut que le soleil
Une lumière de paradis.

(traduction A. Fontainas)

lundi 29 octobre 2012

Faites quelque chose de votre vie

Je vous en supplie
faites quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d'être habillés de votre peau, de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.

Charlotte DELBO 

samedi 27 octobre 2012

Rédemption

Aujourd'hui meurt le Christ perpétuellement
Aujourd'hui l'Esprit triple connaît la mortelle
Affre de l'agonie sous l'injure et longtemps
Retentissent à terre les boules des larmes

Nos vraies larmes d'impurs, aujourd'hui le ciel noir
Se fend en deux et s'ouvrent d'atroces lumières,
Il reste en croix, le Dieu mort attaquant la mort
Par le poids du sang mort, la vie sur cette terre.

A l'une que je tiens l'autre que je désire
Je dédie le sang mort
A l'une qui me lie l'autre encor qui m'inspire
Deux sexes de mon sort

Je demande pardon de passion errante
La lamentation changée en durs rayons
Je vois le Christ en or au fond des fins vivantes
Elles mourront et je mourrai : rédemption.

Pierre Jean JOUVE (1887-1976)

vendredi 5 octobre 2012

Love song I

Un peu de gris, un peu de pluie
et c'en est déjà presque trop
il faut chanter si bas pour t'endormir
Circé du bord des larmes

frêle et fragile comme tu l'es
parfois je me demande
d'où te viennent ces larges richesses d'ombre
et dans quels jeux silencieux tu t'égares
avec cette soie dévidée dans le noir
sans doute ne sais-tu pas toi-même
pour quelle lumière inconcevable
tu as préparé tant de nuit

auberge aveugle du chagrin
ouverte et jamais pleine
mon beau bémol
ma douce haine
ton secret, tes couloirs
tes veines
où j'habite et retiens ma voix

Nakano-ku, Tokyo, février 1965

Nicolas BOUVIER, Le dehors et le dedans (1997)

Le Ruisseau

    L ’ entendez-vous , l’entendez-vous   Le menu flot sur les cailloux ?   Il passe et court et glisse,  Et doucement dédie aux branches,...