dimanche 21 juin 2009

L'Amour est le Chemin

L'amour est le chemin qui mène à la découverte du secret d'un visage, de la compréhension de la personne jusqu'à la profondeur de son être. Celui qui aime sait sur l'être aimé ce que le monde ignore, et en cela, il est plus près de la vérité que le monde entier.

Nicolas BERDIAEV, Le sens de la création

samedi 20 juin 2009

La chanson du Mal-Aimé (fragment)

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses
...

Soirs de Paris ivres de gin
Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines

Les cafés gonflés de fumée
Crient tout l'amour de leurs tziganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurs garçons vêtus d'un pagne
Vers toi toi que j'ai tant aimée


Guillaume APOLLINAIRE
, Alcools

vendredi 19 juin 2009

La vraie parole et (est) la présence vivante

La vraie parole, la parole de vie, quand elle résonne au cœur de l’homme, ouvre la porte au silence de la reconnaissance mutuelle : elle unit dans la communion originelle les sujets qu’elle différencie. Ainsi orientée, la différence subjective entre les êtres devient lien de l’unité dans l’esprit.

Qu’est-ce qui fait perdre la parole ?


La perte de la parole est toujours corrélative d’une volonté de dominer pour ne pas être envahi, de devenir moi, le tout, le seul, le « moi tout seul ». Cette volonté est négation du désir. Elle annule la différence entre le sujet et l’objet, entre la vie donnée et la vie reçue. Elle l’annule entre l’homme et la femme qui ne se reconnaissent plus dans la vérité de l’esprit qui les unit, dans la différence sans laquelle le monde ne serait pas vivant, sans laquelle la vie ne s’engendrerait ni ne se révélerait dans le monde.

Laisser la parole de l’autre nous atteindre et répondre sans crainte, n’est-ce pas cela être libre ?

Oui. La liberté véritable ne se veut pas pour elle-même. Etre libre, c’est être investi par la parole de vérité qui est en nous. Une telle obéissance à la vie échappe à l’emprise qui retient et confisque la liberté dans le mensonge ou dans la peur de la mort.
Une liberté qui choisirait n’importe quoi sans obéir à la parole ne serait qu’une errance.

Je voudrais que vous me donniez un exemple.

La vérité passe par quelqu’un. Elle a le goût de la présence vivante qui témoigne de la parole échangée. Elle est corrélative de la confiance, pourquoi même ne pas dire de la foi en celui qui s’adresse à moi. La réassurance dans l’ordre de la vérité passe par une présence vivante qui témoigne de l’intention droite du désir qui m’habite plutôt que par la certitude d’un savoir exact. La faiblesse de l’intelligence et la brûlure de la contrariété, voire la souffrance, peuvent aller de pair avec la joie de demeurer dans la vérité du désir…que je n’ai même pas su exprimer.

Denis VASSE, La vie et les vivants, Conversations avec Françoise Muckensturm, Paris, Seuil, 2001, pp.58-60.

jeudi 18 juin 2009

Tout recommence toujours...

GABRIEL PERI (fragment)

Un homme est mort qui n'avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n'avait d'autre route
Que celle où l'on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l'oubli

Car tout ce qu'il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd'hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du coeur
Et la justice sur la terre

Paul ELUARD, Au rendez-vous allemand (1944)

mercredi 17 juin 2009

L'amour est devenu spirituel...

L'amour est devenu spirituel
Les gestes sont sans corps qui les incarne
Tracés à peine et déjà effacés
Les mains se becquetaient comme mésanges
M'en souvient-il je ne m'en souviens pas
Qui de nous deux peut croire que ces doigts
Dans nos regards naguère étaient des ailes
Le calme plat de la distance est entre nous
Nous nous parlons serrant sagement nos genoux
De loin chacun assis en statue sur sa rive
Chacun pour l'autre opaque et vide comme un ciel
Puisque l'amour est devenu spirituel.

Pierre EMMANUEL
, Duel

mardi 16 juin 2009

Si la fenêtre s'ouvrait...

Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n'être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut également n'avoir aucune philosophie.
Avec la philosophie il n'y a pas d'arbres : il n'y a que des idées.
Il n'y a que chacun d'entre nous, telle une cave.
Il n'y a qu'une fenêtre fermée, et tout l'univers à l'extérieur;
et le rêve de ce qu'on pourrait voir si la fenêtre s'ouvrait,
et qui jamais n'est ce qu'on voit quand la fenêtre s'ouvre.

Fernando PESSOA, Poèmes désassemblés

lundi 15 juin 2009

LA TIERRA QUE ERA MIA

Unicamente por reunirse con Sofía von Kühn,
Amante de trece años, Novalis creyó en el otro mundo ;
Mas yo creo en soles, nieves, árboles,
En la mariposa blanca sobre una rosa roja,
En la hierba que ondula y en el día que muere,
Porque solo aquí como un don fugaz puedo abrasarte,
Al fin como un dios crearme en tus pupilas,
Porque te pierdo con la tierra que era mía.

Jorge Gaitán DURAN (1924-1962)

***
La terre qui était mienne

Pour s’être uni à Sophie von Kühn,
Sa maîtresse de treize ans, Novalis se mit à croire en l’autre monde ;
Mais moi je crois aux soleils, aux neiges, aux arbres,
Au blanc papillon sur une rose rouge,
A l’herbe qui ondoie, au jour qui s’en va,
Car mon étreinte de feu est d’ici, telle offrande fugace
Où comme un dieu enfin je puis naître de tes pupilles,
Car je te perds avec la terre qui était mienne.

Jorge Gaitán Duran (trad. Marilyne-Armande Renard)

dimanche 14 juin 2009

Finis amoris

Dans le Trinitarisme, chacun des termes n'existe que par rapport aux autres, chacun n'accomplit son unicité que dans l'unité totale avec les autres. C'est le miracle de l'amour; chaque personne signifie les deux autres. En intégrant l'humain à cette vérité, nous avons : finis amoris, ut duo fiant, la fin de l'amour est que les deux ne fassent qu'un; c'est la vision de soi-même en Dieu à travers l'autre, en tant que l'autre en moi et moi en l'autre réalisons par la communion des personnes l'unité de la nature humaine.

Paul EVDOKIMOV, La Femme et le Salut du Monde, Paris, Desclée de Brouwer,1978, p. 13.

samedi 13 juin 2009

Aube

Brindille au vent qui dit aux merles
S'il est temps de chanter,
Comme un pinson pris sous l'averse,
Brin de lilas trempé !

Il pleut de lourds boutons de verre,
Et le jardin mouillé
Brille de mille larmes claires,
Comme un bief de moulin.

Bercé au sein de ma détresse,
Hérissé de tes dards,
Voici qu'à la nuit il se dresse,
Odorant et bavard

Longtemps il a gratté aux vitres,
Les volets ont grincé.
Soudain, végétale et putride,
Une haleine a passé.

Réveillé par l'appel occulte
De temps, de noms enfouis,
Il ouvre l'oeil des renoncules
Sur le jour d'aujourd'hui.

Boris PASTERNAK

vendredi 12 juin 2009

Un nouvel être ?

Un nouvel être ? En me remémorant
Que reste-t-il de mon plus haut délice
Pas même qu'il y eut un tel instant
Cette énergie si fauve dont le siège
Semble le sexe alors que c'est le coeur
Dilapidée demeure intacte, veuve
Du souvenir de ce qu'elle a brûlé
Il faut bien que l'amour de la femme soit autre
Que l'étreinte essoufflée de la flamme et du vent
Où tout désir s'éteint sauf celui du sourire
Dont elle a le secret depuis l'Eden perdu
Et que né d'elle en y mourant j'ai reconnu.

Pierre EMMANUEL, Duel

jeudi 11 juin 2009

L'adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends

Guillaume APOLLINAIRE, Alcools. Poèmes, 1898-1913.

mercredi 10 juin 2009

Le Petit Bois

J'étais un petit bois de France
Avec douze rouges furets,
Mais je n'ai jamais eu de chance
Ah ! que m'est-il donc arrivé ?

Je crains fort de n'être plus rien
Qu'un souvenir, une peinture
Ou le restant d'une aventure,
Un parfum, je ne sais pas bien.

Ne suis-je plus qu'en la mémoire
De quelle folle ou bien d'enfants,
Ils vous diraient mieux mon histoire
Que je ne fais en ce moment.

Mon Dieu comme c'est difficile
D'être un petit bois disparu
Quand on avait tant de racines
Comment faire pour n'être plus ?

Jules SUPERVIELLE

mardi 9 juin 2009

Mémoire et rêve

« La mémoire est un lieu magique où coexistent jadis et maintenant, l'absence et la proximité, la cause et l'effet, les vivants et les morts. Par elle, les êtres sans ubiquité, sans longévité que nous sommes tiennent ensemble tous les moments, tous les lieux s élèvent un instant, au dessus d'eux mêmes. » Ce que Pierre Bergounioux dit là, je le dis du rêve.

Mémoire et rêve seraient ils équivalents ? Rêver et se souvenir ne seraient ils qu’une seule et même activité ? Oui, mais pour une part seulement. Car il me semble que la mémoire, même celle qualifiée d'involontaire, tend vers une certaine forme, à commencer par celle du souvenir. Alors que le rêve je ne parle pas du récit que nous en faisons, mais du rêver, de l'activité rêvante a quelque chose d'anarchique : il met en connexion des sensations, des traces inscrites dans les temps les plus divers. S'il est mémoire il est mémoire de fragments. Il est par nature rétif à toute forme, il défie toute signification. Il a fallu toute la passion obstinée de Freud pour trouver un sens à cette production insensée de nos nuits et, conjointement, lui assigner une finalité (l'accomplissement du Wunsch). Dévoilement du secret du rêve, du symptôme névrotique, tout le reste suit. Plus tard, passé le temps de la conquête et de l'exaltation, il faudra déchanter (narcissisme, résistances du ça, masochisme, réaction thérapeutique négative, pulsion de mort).

J.-B. PONTALIS, En marge des jours, Paris, Gallimard, 2002.

lundi 8 juin 2009

Sérénade (Hommage à Lope de Vega)

Sur les bords de la rivière
voyez la nuit qui se baigne
et sur les seins de Lolita
meurent d'amour les bouquets.

Meurent d'amour les bouquets.

La nuit nue chante à voix basse
sur les ponts du mois de mars.
Lolita au bain se pare
dans l'eau saline et le nard.

Meurent d'amour les bouquets.

La nuit d'anis et d'argent
luit sur les toits de la ville.
Argent des eaux miroitantes.
Anis de tes cuisses blanches.

Meurent d'amour les bouquets.

Federico GARCIA LORCA, Eros avec canne, 1925.
***
SERENATA

Por las orillas del rio
se está la noche mojando
y en los pechos de Lolita
se mueren de amor los ramos.

Se mueren de amor los ramos.

La noche canta desnuda
sobre los puentes de marzo.
Lolita lava su cuerpo
con agua salobre y nardos.

Se mueren de amor los ramos.

La noche de anís y plata
relumbra por los tejados.
Plata de arroyos y espejos.
Anís de tus muslos blancos.

Se mueren de amor los ramos.

Federico GARCIA LORCA

dimanche 7 juin 2009

"Regardez les oiseaux du ciel..."

Un frère interrogea un jour un Ancien en ces termes : "Puis-je garder deux sous en ma possession pour le cas où je tomberais malade?" L'Ancien, devinant ses pensées et son désir de ne pas s'en séparer, répondit : "Gardez-les."
Le frère, en se dirigeant vers sa cellule, se mit à discuter en lui-même, se disant : je me demande si le Père m'a donné, ou non, sa bénédiction ? Et, se levant, il retourna trouver le Père et s'écria : "Au nom du Seigneur, dites-moi la vérité, parce que je suis bouleversé par ces deux sous." L'Ancien lui répondit : "Ayant deviné vos pensées et votre désir de les garder, je vous ai permis de le faire. Mais il est bon de posséder autre chose que ce dont nous avons besoin pour notre corps. Vous mettez votre espoir dans ces deux sous. Or, si vous les perdiez, Dieu ne prendrait-il pas soin de vous ? Remettez donc tous vos soucis au Seigneur, car Il veille sur vous."

Thomas MERTON, La Sagesse du Désert. Trad. Marie Tadié.

***

One of the brothers asked an elder saying : Would it be all right if I kept two pence in my possession, in case I should get sick ? The elder, seeing his thoughts and that he wanted to keep them, said : Keep them. The brother, going back to his cell, began to wrestle with his own thoughts, saying : I wonder if the Father gave me his blessing or not ? Rising up, he went back to the Father, inquiring of him and saying : In God's name, tell me the truth, because I am all upset over these two pence. The elder said to him : Since I saw your thoughts and your desire to keep them, I told you to keep them. But it is not good to keep more than we need for our body. Now these two pence are your hope. If they should be lost, would not God take care of you ? Cast your care upon the Lord, then, for He will take care of us.

Thomas Merton, The Wisdom of the Desert, CXI

vendredi 5 juin 2009

Sagesse des Pères

Abbot Pastor said : Any trial whatever that comes to you can be conquered by silence.

Thomas MERTON, The Wisdom of the Desert

***

L'Abbé Poemen disait : toutes les épreuves qui fondent sur vous peuvent être surmontées par le silence.

Thomas Merton
, La Sagesse du Désert. Trad. Marie Tadié.

jeudi 4 juin 2009

La pudeur

Repérée dans un mouvement des yeux qui se baissent, du sang qui rosit la peau, des mains qui protègent une partie du corps, la pudeur s’oppose au dévoilement brusque d’une région du corps comme à celui d’un sentiment, d’une idée ou d’un souvenir qui doit rester secret. Même s’il révèle l’intention de cacher, l’affect de la pudeur n’est pas intentionnel. Mouvement de la chair et de l’esprit, la pudeur surgit aux frontières du volontaire et de l’involontaire. Elle rend furtivement conscient ce qui ne l’était pas. Elle ne va pas sans trouble. Ce trouble est relatif à la crainte qu’apporte la révélation de ce qui devrait rester voilé. Et ce qui doit rester voilé est ce qui ne peut pas se dire entièrement. Cet impossible à tout dire relève de la vérité qui parle en l’homme : vérité d’une altérité originaire qui n’est jamais réductible à ce que l’homme peut en dire, mais aussi mensonge d’un dédoublement qui fait tomber l’homme sous le coup de son propre jugement ou du jugement des autres et que, par orgueil, pour offrir une image impeccable de lui-même, il doit dissimuler.

Denis VASSE, La chair envisagée, Paris, Seuil, 1988 & 2002.

mercredi 3 juin 2009

Puisque tu ne luis plus...

Puisque tu ne luis plus sur la route qui monte,
Etoile, éclaire encor le chemin qui descend,
Que mon pas retentisse en l'écho qui le compte
Et que je sois pour toi cette ombre et ce passant

Qui, d'un bruit éphémère, a troublé le silence
Vers lequel il s'enfonce et s'en va sans retour,
Emportant dans son coeur qu'a quitté l'espérance
Ce que mêle au passé la cendre de l'amour !

Etoile qui brillais au ciel de ma jeunesse
Ne me refuse pas ton éclat incertain
Afin que je retrouve et que je reconnaisse
Le tournant de la route et l'angle du chemin,

Et que j'aille où m'attend, attentif et fidèle,
Pieux à tout épi que la faux a touché,
Le Souvenir pensif auprès du Temps sans aile
Debout, avec la lampe aux doigts, comme Psyché !

Henri de REGNIER, Flamma tenax

mardi 2 juin 2009

MUERTOS

En los húmedos bosques, en otoño,
al llegar de los fríos, cuando rojas,
vuelan sobre los musgos y las ramas,
en torbellinos, las marchitas hojas,
la niebla al extenderse en el vacío
le da al paisaje mustio un tono incierto,
y el fallaje do huyó la savia ardiente
tiene un adiós para el verano muerto
y un color opaco y triste
como el recuerdo borroso
de lo que fue y ya no existe !

En los antiguos cuartos hay armarios
que en el rincón más íntimo y discreto,
de pasadas locuras y pasiones
guardan, con un aroma de secreto,
viejas cartas de amor, ya desteñidas,
que obligan a evocar tiempos mejores,
y ramilletes negros y marchitos,
que son como cadáveres de flores
y tien un olor triste
como el recuerdo borroso
de lo que fue y ya no existe !

Y en las almas amantes cuando piensan
en perdidos afectos y ternuras
que de la soledad de ignotos días
no vendrán a endulzar horas futuras,
hay el hondo cansancio que en la lucha,
acaba de matar a los heridos,
vago como el color del bosque mustio
como el olor de los perfumes idos,
y el cansancio aquel es triste
como el recuerdo borroso
de lo que fue y ya no existe !

MORTS

Dans l’humide forêt, en automne,
quand viennent les frimas, quand pourpres
sur les mousses et sur les branches s’envolent
en tourbillons les feuilles flétries,
la brume en s’éployant dans l’espace
infuse au morne paysage des tons incertains
et le feuillage d’où s’est enfuie l’ardente sève
a un adieu pour l’été mort
et une couleur opaque et triste
tel le souvenir diffus
de ce qui fut et qui n’existe plus !

Dans les vieilles alcôves il est des armoires
qui au recoin le plus intime, le plus discret,
de folies et de passions enfuies
gardent, dans un arôme de secret,
de vieilles lettres d’amour déjà pâlies
qui font évoquer des temps meilleurs
et de petits bouquets noirs et flétris
qui sont comme des cadavres de fleurs
et s’en exhale un parfum triste
tel le souvenir diffus
de ce qui fut et qui n’existe plus !

Et quand les âmes aimantes songent
aux tendressses et aux amitiés perdues
qui en l’esseulement de jours méconnus
ne viendront plus adoucir les heures à venir,
une profonde détresse s’émeut qui dans la lutte
achève les blessés,
vague comme la couleur de la morne forêt
comme la senteur des parfums en allés
et cette lassitude est triste
tel le souvenir diffus
de ce qui fut et qui n’existe plus !

José Asunción SILVA (1865-1896)

lundi 1 juin 2009

AF 447

Aimer, avoir aimé ne serait-ce qu'un instant, c'est savoir que personne n'est de ce monde. Que veut dire alors, comment penser que quelqu'un / n'est plus ? La mort impensable et brute, c'est l'angoisse pure, c'est l'enfer.

Oliver CLEMENT, La révolte de l'Esprit

Le Ruisseau

    L ’ entendez-vous , l’entendez-vous   Le menu flot sur les cailloux ?   Il passe et court et glisse,  Et doucement dédie aux branches,...