lundi 5 mai 2014

8 Mai 1945

Mourir

Elle m'aurait lâchée cette sacrée vie
Si je l'avais laissée faire

C'était facile
Un éclair de vertige
Le bonheur fluide d'un instant

Mais le Printemps faisait du bruit
Dans ma mémoire si tôt blessée
Et je l'ai entendu
Au-delà des barbelés

Magda HOLLANDER-LAFON, Quatre petits bouts de pain, Des ténèbres à la joie (2012)

dimanche 4 mai 2014

Mai 1944-Mai 2014 : contre l'oubli

Ma mémoire s'ouvre douloureusement à force d'appels. Je sors de ce long tunnel où je me suis terrée.
Des milliers de regards ont disparu
Sans savoir pourquoi.  Ils m'appellent
Ils sont pleins de détresse
D'humiliation
Allumés par la faim
Eteints par la soif.
Le regard crispé d'une compagne avec les crocs d'un chien dans la chair.
Elle perd la vie à chaque pas.
Le regard anéanti d'une autre qui meurt sous les coups de bâton.
Des centaines de regards qui s'éteignent, épuisés par de longues heures d'appels.
Sur des milliers de visages perdus, l'abattement d'une vie trop tôt avortée.
Les camions arrivent et repartent dans les longues allées du désespoir
Remplis de vies tassées aux regards d'au-delà.
Les mains tendues, décharnées, aggripent la vie avec des cris perdus.
La cheminée crépite.
Le ciel est bas et gris et jaune.
Nous respirons leurs cendres dispersées dans le vent.
Trente ans après
Je perce, émue, le mur épais de ma mémoire.
Pour que tant de regards quémandeurs d'espérance
Ne s'évanouissent pas
En poussière.

Magda HOLLANDER-LAFON, Quatre petits bouts de pain, Des ténèbres à la joie (2012)

Le Ruisseau

    L ’ entendez-vous , l’entendez-vous   Le menu flot sur les cailloux ?   Il passe et court et glisse,  Et doucement dédie aux branches,...