L'an se rajeunissait en sa verte jouvence,
Quand je m'épris de vous, ma Sinope cruelle ;
Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle,
Et votre teint sentait encore son enfance.
Vous aviez d'une infante encor la contenance,
La parole et les pas ; votre bouche était belle
Votre front et vos mains dignes d'une immortelle,
Et votre oeil, qui me fait trépasser, quand j'y pense.
Amour, qui ce jour-là si grandes beautés vit,
Dans un marbre, en mon coeur, d'un trait les écrivit.
Et si, pour le jour d'hui, vos beautés si parfaites
Ne sont comme autrefois, je n'en suis moins ravi,
Car je n'ai pas égard à cela que vous êtes,
Mais au doux souvenir des beautés que je vi.
Pierre de RONSARD, Pièces retranchées des Amours, XXX.
Quand je m'épris de vous, ma Sinope cruelle ;
Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle,
Et votre teint sentait encore son enfance.
Vous aviez d'une infante encor la contenance,
La parole et les pas ; votre bouche était belle
Votre front et vos mains dignes d'une immortelle,
Et votre oeil, qui me fait trépasser, quand j'y pense.
Amour, qui ce jour-là si grandes beautés vit,
Dans un marbre, en mon coeur, d'un trait les écrivit.
Et si, pour le jour d'hui, vos beautés si parfaites
Ne sont comme autrefois, je n'en suis moins ravi,
Car je n'ai pas égard à cela que vous êtes,
Mais au doux souvenir des beautés que je vi.
Pierre de RONSARD, Pièces retranchées des Amours, XXX.