mardi 2 juin 2009

MUERTOS

En los húmedos bosques, en otoño,
al llegar de los fríos, cuando rojas,
vuelan sobre los musgos y las ramas,
en torbellinos, las marchitas hojas,
la niebla al extenderse en el vacío
le da al paisaje mustio un tono incierto,
y el fallaje do huyó la savia ardiente
tiene un adiós para el verano muerto
y un color opaco y triste
como el recuerdo borroso
de lo que fue y ya no existe !

En los antiguos cuartos hay armarios
que en el rincón más íntimo y discreto,
de pasadas locuras y pasiones
guardan, con un aroma de secreto,
viejas cartas de amor, ya desteñidas,
que obligan a evocar tiempos mejores,
y ramilletes negros y marchitos,
que son como cadáveres de flores
y tien un olor triste
como el recuerdo borroso
de lo que fue y ya no existe !

Y en las almas amantes cuando piensan
en perdidos afectos y ternuras
que de la soledad de ignotos días
no vendrán a endulzar horas futuras,
hay el hondo cansancio que en la lucha,
acaba de matar a los heridos,
vago como el color del bosque mustio
como el olor de los perfumes idos,
y el cansancio aquel es triste
como el recuerdo borroso
de lo que fue y ya no existe !

MORTS

Dans l’humide forêt, en automne,
quand viennent les frimas, quand pourpres
sur les mousses et sur les branches s’envolent
en tourbillons les feuilles flétries,
la brume en s’éployant dans l’espace
infuse au morne paysage des tons incertains
et le feuillage d’où s’est enfuie l’ardente sève
a un adieu pour l’été mort
et une couleur opaque et triste
tel le souvenir diffus
de ce qui fut et qui n’existe plus !

Dans les vieilles alcôves il est des armoires
qui au recoin le plus intime, le plus discret,
de folies et de passions enfuies
gardent, dans un arôme de secret,
de vieilles lettres d’amour déjà pâlies
qui font évoquer des temps meilleurs
et de petits bouquets noirs et flétris
qui sont comme des cadavres de fleurs
et s’en exhale un parfum triste
tel le souvenir diffus
de ce qui fut et qui n’existe plus !

Et quand les âmes aimantes songent
aux tendressses et aux amitiés perdues
qui en l’esseulement de jours méconnus
ne viendront plus adoucir les heures à venir,
une profonde détresse s’émeut qui dans la lutte
achève les blessés,
vague comme la couleur de la morne forêt
comme la senteur des parfums en allés
et cette lassitude est triste
tel le souvenir diffus
de ce qui fut et qui n’existe plus !

José Asunción SILVA (1865-1896)

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