Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
dimanche 28 février 2010
Le bruit
qui empêche d'entendre
la voix de Dieu
n'est pas,
vraiment pas,
le brouhaha des hommes
ou la trépidation des villes,
et encore moins
le frémissement des vents
ou le murmure des eaux...
Le bruit
qui étouffe
la voix divine,
c'est le tumulte intérieur
de l'amour-propre froissé,
du soupçon qui s'éveille,
de l'ambition qui ne s'endort jamais ...
Dom Helder CAMARA, Mille raisons pour vivre (31 juilllet 1970)
samedi 27 février 2010
Ô douleurs de l'amour !
Comme vous m'êtes nécessaires et comme vous m'êtes chères.
Mes yeux qui se ferment sur des larmes imaginaires, mes mains qui se tendent sans cesse vers le vide.
J'ai rêvé cette nuit de paysages insensés et d'aventures dangereuses aussi bien du point de vue de la mort que du point de vue de la vie qui sont aussi le point de vue de l'amour.
Au réveil vous étiez présentes, ô douleurs de l'amour, ô muses du désert, ô muses exigeantes.
Robert DESNOS, A la mystérieuse (1926)
vendredi 26 février 2010
Rondeau
A voir Manon dans mes bras sommeiller ?
Son front coquet parfume l'oreiller;
Dans son beau sein j'entends son coeur qui veille.
Un songe passe, et s'en vient l'égayer.
Ainsi s'endort une fleur d'églantier,
Dans son calice enfermant une abeille.
Moi, je la berce; un plus charmant métier
Fut-il jamais ?
Mais le jour vient, et l'Aurore vermeille
Effeuille au vent son bouquet printanier.
Le peigne en main et la perle à l'oreille,
A son miroir Manon court m'oublier.
Hélas ! l'amour sans lendemain ni veille
Fut-il jamais ?
Alfred de MUSSET, Poésies nouvelles (1842)
dimanche 21 février 2010
From "Under Milk Wood"
Dear Lord, a little prayer I make,
O please to keep Thy lovely eye
On all poor creatures born to die.
And every evening at sun-down
I ask a blessing on the town,
For whether we last the night or no
I'm sure is always touch-and-go.
We are not wholly bad or good
Who live our lives under Milk Wood,
And Thou, I know, wilt be the first
To see our best side, not our worst.
O let us see another day !
Bless us this night, I pray,
And to the sun we all will bow
And say, good-bye-but just for now !
Dylan THOMAS, Under Milk Wood (1914-1953)
samedi 20 février 2010
Savoir ne pas savoir
Denis VASSE, Le temps du désir
vendredi 12 février 2010
J'aime l'âne ...
marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles ;
et il porte les pauvres
et des sacs remplis d’orge.
Il va, près des fossés,
d’un petit pas cassé.
Mon amie le croit bête
parce qu’il est poète.
Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.
Jeune fille au doux cœur,
tu n’as pas sa douceur :
car il est devant Dieu
l’âne doux du ciel bleu.
Et il reste à l’étable,
fatigué, misérable,
ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.
Il a fait son devoir
du matin jusqu’au soir.
Qu’as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l’aiguille …
Mais l’âne s’est blessé :
la mouche l’a piqué.
Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.
Qu’as-tu mangé petite ?
- T’as mangé des cerises.
L’âne n’a pas eu d’orge,
car le maître est trop pauvre,
Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l’ombre …
La corde de ton cœur
n’a pas cette douceur.
Il est l’âne si doux
marchant le long des houx.
J’ai le cœur ulcéré :
ce mot-là te plairait.
Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris ?
Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âme
est sur les grands chemins,
comme lui le matin.
Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?
Je doute qu’il réponde :
il marchera dans l’ombre,
crevé par la douceur,
sur le chemin en fleurs.
Francis JAMMES, De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir
jeudi 11 février 2010
Ma morte vivante (fragment)
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos
Il m'est donné de voir ma vie finir
...
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie
...
J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
Paul ELUARD, Le temps déborde (1947)
mercredi 10 février 2010
Odelette
Pour faire frémir l'herbe haute
Et tout le pré
Et les doux saules
Et le ruisseau qui chante aussi;
Un petit roseau m'a suffi
A faire chanter la forêt.
Ceux qui passent l'ont entendu
Au fond du soir, en leurs pensées,
Dans le silence et dans le vent,
Clair ou perdu,
Proche ou lointain...
Ceux qui passent, en leurs pensées,
En écoutant, au fond d'eux-mêmes
L'entendront encore et l'entendent
Toujours qui chante.
Il m'a suffi
De ce petit roseau cueilli,
A la fontaine où vint l'Amour
Mirer, un jour,
Sa face grave
Et qui pleurait,
Pour faire pleurer ceux qui passent
Et trembler l'herbe et frémir l'eau;
Et j'ai, du souffle d'un roseau,
Fait chanter toute la forêt.
Henri de REGNIER, Les jeux rustiques et divins
lundi 8 février 2010
Le rideau de ma voisine
Le rideau de ma voisine
Se soulève lentement.
Elle va, je l'imagine,
Prendre l'air un moment.
On entr'ouvre la fenêtre :
Je sens mon coeur palpiter.
Elle veut savoir peut-être
Si je suis à guetter.
Mais, hélas ! ce n'est qu'un rêve;
Ma voisine aime un lourdaud,
Et c'est le vent qui soulève
Le coin de son rideau.
Alfred de MUSSET, Poésies nouvelles
Simple voeu
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi des livres,
Des amis en toute saison,
Sans lesquels je ne peux pas vivre
Guillaume APOLLINAIRE, Bestiaire
dimanche 7 février 2010
Désir d'éternité
Romano GUARDINI, Les fins dernières
samedi 6 février 2010
César
vendredi 5 février 2010
Para el alma imposible de mi amada
Amada : no has querido plasmarte jamás
Quédate en la hostia,
ciega e impalpable,
como existe Dios.
Si he cantado mucho, he llorado más
por ti ¡ oh mi parabola excelsa de amor !
Quédate en el seso,
y en el mito inmenso
de mi corazón !
Es la fe, la fragua donde yo quemé
el terroso hierro de tanta mujer ;
y en un yunque impío te quise pulir.
Quédate en la eterna
nebulosa, ahí,
en la multicencia de un dulce noser.
Y si no has querido plasmarte jamás
en mi metafísica emoción de amor,
deja que me azote,
como un pecador.
César VALLEJO, Los heraldos negros (1918)
jeudi 4 février 2010
Mon frère
Comme le scorpion, mon frère
Tu es comme le scopion
Dans une nuit d’épouvante,
Comme le moineau, mon frère
Tu es comme le moineau
Dans ses menues inquiétudes.
Comme la moule, mon frère,
Tu es comme la moule
Enfermée et tranquille.
Tu es terrible, mon frère,
Comme la bouche d’un volcan éteint.
Et tu n’es pas un, hélas,
Tu n’es pas cinq,
Tu es des millions.
Tu es comme le mouton, mon frère,
Quand le bourreau lève son bâton
Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
Et s’il y a tant de misère sur terre
C’est grâce à toi, mon frère,
Si nous sommes affamés, épuisés,
Si nous sommes écorchés jusqu’au sang,
Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non,
Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
Nazim HIKMET, Anthologie poétique (1948)
mercredi 3 février 2010
La chanson d'Eviradnus
Montons sur deux palefrois;
Tu m'emmènes, je t'enlève.
L'oiseau chante dans les bois.
Je suis ton maître et ta proie,
Partons, c'est la fin du jour;
Mon cheval sera la joie,
Ton cheval sera l'amour.
Nous ferons toucher leurs têtes;
Les voyages sont aisés;
Nous donnerons à ces bêtes
Une avoine de baisers...
Viens, sois tendre, je suis ivre.
O les verts taillis mouillés !
Ton souffle te fera suivre
Des papillons réveillés...
Allons-nous en par l'Autriche !
Nous aurons l'aube à nos fronts;
Je serai grand, et toi riche,
Puisque nous nous aimerons.
Allons-nous-en par la terre,
Sur nos deux chevaux charmants,
Dans l'azur, dans le mystère,
Dans les éblouissements !
Nous entrerons à l'auberge,
Et nous paierons l'hôtelier
De ton sourire de vierge,
De mon bonjour d'écolier.
Tu seras dame, et moi comte;
Viens, mon coeur s'épanouit;
Viens, nous conterons ce conte
Aux étoiles de la nuit.
Victor HUGO, La légende des siècles
mardi 2 février 2010
La douleur
Cesare PAVESE, Le métier de vivre (12 mars 1945)
lundi 1 février 2010
L’isolement
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds :
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes :
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur,
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières ?
Vains objets dont pour moi le charme est envolé
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours :
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? Je n’attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire ;
Je ne demande rien à l’immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux ?
Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire :
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puis-je, porté sur le char de l’aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi :
Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir se lève et l’arrache aux vallons :
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! »
Alphonse de LAMARTINE, Méditations poétiques (1820)
Winters
"But what after all is one night ? A short space, especially when the darkness dims so soon, and so soon a bird sings, a cock crows, o...
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Mon chat Ulysse A la jaunisse. Il ne dort plus. Il a si mal Qu'il ne joue plus Avec sa balle. Mon chat Ulysse A la jaunisse. ...
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Immenses mots dits doucement Grand soleil les volets fermés Un grand navire au fil de l’eau Ses voiles partagent le vent Bouche bien faite p...
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Et Dieu s'promena, et regarda bien attentivement Son Soleil, et sa Lune, et les p'tits astres de son firmament. Il regarda la terre ...