Dame souris trotte,
Noire dans le gris du soir...
Dame souris trotte,
Grise dans le noir.
Un nuage passe...
Il fait noir comme dans un four !
Un nuage passe,
Tiens, le petit jour !
Dame souris trotte,
Rose dans les rayons bleus...
Dame souris trotte,
Debout, paresseux !
Paul VERLAINE
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
lundi 20 septembre 2010
dimanche 19 septembre 2010
Le sérieux de l'existence
On est saisi de perplexité lorsqu'à propos d'une circonstance quelconque on voit ce que l'homme moderne prend au sérieux et ce qu'il prend avec insouciance. Il semble parfois que plus les choses se rapprochent du noyau de son existence, moins elles ont de poids pour lui. La Révélation l'affirme : notre vie si déficiente a un sens absolu, et les oeuvres de la terre décident de l'existence éternelle.
Romano GUARDINI, Les fins dernières
Romano GUARDINI, Les fins dernières
samedi 18 septembre 2010
Lumière et poésie
Tous les poètes se sont tourmentés, se sont étonnés et ont connu la joie. L'admiration pour un grand passage en poésie ne va jamais à sa stupéfiante habileté mais à la nouveauté de la découverte qu'il contient. Même quand nous éprouvons une palpitation de joie à trouver un adjectif accouplé avec succès à un substantif, un adjectif et un substantif jamais encore vus ensemble, ce qui nous émeut, ce n'est pas de la surprise devant l'élégance de la chose, mais de l'étonnement devant cette réalité nouvelle mise en lumière.
Cesare PAVESE, Le métier de vivre
Cesare PAVESE, Le métier de vivre
dimanche 12 septembre 2010
Oremus
Jusqu'à maintenant, je ne savais pas où j'allais dans ma recherche de Dieu; mais puisque tu me conduis vers la lumière, Seigneur, que je trouve Dieu grâce à toi et que je reçois de toi le Père, voilà que je suis devenu ton cohéritier puisque tu ne rougis pas de ton frère.
Laissons donc de côté, oui, laissons de côté l'oubli de la vérité, rejetons l'ignorance et les ténèbres qui sont un obstacle sur la route comme un brouillard devant les yeux, et livrons-nous à la contemplation de Celui qui est réellement le Dieu véritable.
Clément d'Alexandrie, Protreptique, XI, 114.
Laissons donc de côté, oui, laissons de côté l'oubli de la vérité, rejetons l'ignorance et les ténèbres qui sont un obstacle sur la route comme un brouillard devant les yeux, et livrons-nous à la contemplation de Celui qui est réellement le Dieu véritable.
Clément d'Alexandrie, Protreptique, XI, 114.
samedi 11 septembre 2010
Justice.Vérité...
Justice. Vérité, si ma main, si ma bouche,
Si mes pensers les plus secrets
Ne froncèrent jamais votre sourcil farouche,
Et si les infâmes progrès,
Si la risée atroce, ou, plus atroce injure,
L'encens de hideux scélérats
Ont pénétré vos coeurs d'une longue blessure ;
Sauvez-moi. Conservez un bras
Qui lance votre foudre, un amant qui vous venge.
Mourir sans vider mon carquois
Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange
Ces bourreaux barbouilleurs de lois !
Ces vers cadavéreux de la France asservie,
Égorgée ! O mon cher trésor,
O ma plume ! Fiel, bile, horreur. Dieux de ma vie!
Par vous seul je respire encor :
Comme la poix brûlante, agitée en ses veines
Ressuscite un flambeau mourant,
Je souffre ; mais je vis. Par vous, loin de mes peines,
D'espérance un vaste torrent
Me transporte. sans vous, comme un poison livide,
L'invisible dent du chagrin,
Mes amis opprimés, du menteur homicide
Les succès, le sceptre d'airain ;
Des bons proscrits par lui la mort ou la ruine,
L'opprobre de subir sa loi,
Tout eut tari ma vie ; ou, contre ma poitrine
Dirigé mon poignard. Mais quoi !
Nul ne resterait donc pour attendrir l'histoire
Sur tant de justes massacres.
Pour consoler leurs fils, leurs veuves, leur mémoire,
Pour que des brigands abhorrés
Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance ?
Pour descendre jusqu'aux enfers
Nouer le triple fouet, le fouet de la vengeance,
Déjà levé sur ces pervers ?
Pour cracher leurs noms, pour chanter leur supplice ?
Allons, étouffe tes clameurs ;
Souffre, o coeur gros de haine, affamé de justice ;
Toi, Vertu, pleure, si je meurs.
André CHENIER, Iambes (1)
____________________________
(1) Pour le texte complet, voir : http://fr.wikisource.org/wiki/%C2%AB_Comme_un_dernier_rayon_%C2%BB
Si mes pensers les plus secrets
Ne froncèrent jamais votre sourcil farouche,
Et si les infâmes progrès,
Si la risée atroce, ou, plus atroce injure,
L'encens de hideux scélérats
Ont pénétré vos coeurs d'une longue blessure ;
Sauvez-moi. Conservez un bras
Qui lance votre foudre, un amant qui vous venge.
Mourir sans vider mon carquois
Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange
Ces bourreaux barbouilleurs de lois !
Ces vers cadavéreux de la France asservie,
Égorgée ! O mon cher trésor,
O ma plume ! Fiel, bile, horreur. Dieux de ma vie!
Par vous seul je respire encor :
Comme la poix brûlante, agitée en ses veines
Ressuscite un flambeau mourant,
Je souffre ; mais je vis. Par vous, loin de mes peines,
D'espérance un vaste torrent
Me transporte. sans vous, comme un poison livide,
L'invisible dent du chagrin,
Mes amis opprimés, du menteur homicide
Les succès, le sceptre d'airain ;
Des bons proscrits par lui la mort ou la ruine,
L'opprobre de subir sa loi,
Tout eut tari ma vie ; ou, contre ma poitrine
Dirigé mon poignard. Mais quoi !
Nul ne resterait donc pour attendrir l'histoire
Sur tant de justes massacres.
Pour consoler leurs fils, leurs veuves, leur mémoire,
Pour que des brigands abhorrés
Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance ?
Pour descendre jusqu'aux enfers
Nouer le triple fouet, le fouet de la vengeance,
Déjà levé sur ces pervers ?
Pour cracher leurs noms, pour chanter leur supplice ?
Allons, étouffe tes clameurs ;
Souffre, o coeur gros de haine, affamé de justice ;
Toi, Vertu, pleure, si je meurs.
André CHENIER, Iambes (1)
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(1) Pour le texte complet, voir : http://fr.wikisource.org/wiki/%C2%AB_Comme_un_dernier_rayon_%C2%BB
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