Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance. Immortelle.
C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera.
Dans le futur du temps et de l'éternité.
Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité même.
Charles PEGUY, Le Porche du mystère de la deuxième vertu.
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
lundi 16 mai 2011
mercredi 11 mai 2011
Regrets
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle.
Ore, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle :
Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las ! Tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
Joachim du BELLAY, Regrets, IX.
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle.
Ore, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle :
Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las ! Tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
Joachim du BELLAY, Regrets, IX.
dimanche 8 mai 2011
8 mai 1945-8 mai 2011
Ô mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans ses plis a gardés
...
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l'ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l'incendie au loin roses d'Anjou
Louis ARAGON, Le Crève-coeur, 1941
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans ses plis a gardés
...
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l'ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l'incendie au loin roses d'Anjou
Louis ARAGON, Le Crève-coeur, 1941
samedi 7 mai 2011
Le joli mois de mai...
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'aube de ses pleurs, au point du jour, l'arrose;
La grâce dans sa feuille et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais battue ou de pluie ou d'excessive ardeur,
Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.
Pierre de RONSARD, Amours de Marie, II, 4.
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'aube de ses pleurs, au point du jour, l'arrose;
La grâce dans sa feuille et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais battue ou de pluie ou d'excessive ardeur,
Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.
Pierre de RONSARD, Amours de Marie, II, 4.
jeudi 5 mai 2011
Je songe ...
Je songe à la saison où mûrissaient les citrons. Au vent de février qui cassait les tiges des fougères avant qu'on ne les eût laissées se dessécher. Aux citrons mûrs dont l'odeur emplissait la vieille cour.
Par les matins de février, le vent venait de la montagne. Les nuages attendaient là-haut que le beau temps les fasse descendre dans la vallée; entre-temps, ils laissaient le ciel bleu vide, ils laissaient la lumière entrer dans le jeu du vent qui dessinait des cercles sur la terre, brassait la poussière et faisait battre les branches des orangers.
Les moineaux riaient. Ils picotaient les feuilles que le vent faisait tomber et riaient; ils laissaient des plumes entre les branches épineuses, chassaient les papillons et riaient. C'était la belle saison.
En février, quand les matins n'étaient que vent, moineaux et lumière bleue. Je m'en souviens.
C'est à cette saison que ma mère est morte.
Juan RULFO, Pedro Paramo (trad. Gabriel Iaculli)
Par les matins de février, le vent venait de la montagne. Les nuages attendaient là-haut que le beau temps les fasse descendre dans la vallée; entre-temps, ils laissaient le ciel bleu vide, ils laissaient la lumière entrer dans le jeu du vent qui dessinait des cercles sur la terre, brassait la poussière et faisait battre les branches des orangers.
Les moineaux riaient. Ils picotaient les feuilles que le vent faisait tomber et riaient; ils laissaient des plumes entre les branches épineuses, chassaient les papillons et riaient. C'était la belle saison.
En février, quand les matins n'étaient que vent, moineaux et lumière bleue. Je m'en souviens.
C'est à cette saison que ma mère est morte.
Juan RULFO, Pedro Paramo (trad. Gabriel Iaculli)
lundi 2 mai 2011
La poésie
Je crois que la poésie est quelque chose qu'on sent, et si vous ne sentez pas la poésie, la beauté d'un texte, si un récit ne vous donne pas l'envie de savoir ce qui s'est passé ensuite, c'est que l'auteur n'a pas écrit pour vous. Laissez-le de côté car la littérature est assez riche pour vous offrir un auteur digne de votre attention, ou indigne aujourd'hui de votre attention mais que vous lirez demain.
(...)
Le fait esthétique est quelque chose d'aussi évident, d'aussi immédiat, d'aussi indéfinissable que l'amour, que la saveur d'un fruit, que l'eau. Nous sentons la poésie comme nous sentons la présence d'une femme, ou comme nous sentons le voisinage d'une montagne ou d'une baie. Si nous la sentons de façon immédiate, pourquoi la diluer dans d'autres mots qui seront certainement moins forts que nos sentiments.
Jorge Luis BORGES, Conférences
(...)
Le fait esthétique est quelque chose d'aussi évident, d'aussi immédiat, d'aussi indéfinissable que l'amour, que la saveur d'un fruit, que l'eau. Nous sentons la poésie comme nous sentons la présence d'une femme, ou comme nous sentons le voisinage d'une montagne ou d'une baie. Si nous la sentons de façon immédiate, pourquoi la diluer dans d'autres mots qui seront certainement moins forts que nos sentiments.
Jorge Luis BORGES, Conférences
dimanche 1 mai 2011
L'amitié
Moi qui éprouve, comme chacun, le besoin d'être reconnu, je me sens pur en toi et vais à toi. J'ai besoin d'aller là où je suis pur. Ce ne sont point mes formules ni mes démarches qui t'ont jamais instruit sur qui je suis. C'est l'acceptation de qui je suis qui t'a fait, au besoin, indulgent à ces démarches comme à ces formules. Je te sais gré de me recevoir tel que me voici. Qu'ai-je à faire d'un ami qui me juge ? Si j'accueille un ami à ma table, je le prie de s'asseoir, s'il boîte, et ne lui demande pas de danser.
Antoine de SAINT-EXUPERY, Lettre à un otage (1944)
Antoine de SAINT-EXUPERY, Lettre à un otage (1944)
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