vendredi 27 novembre 2020

Chagrin d'amour

 "Le jour suivant, je me levai de très bonne heure, me taillai un bâton et m'en allai loin de la ville. Je voulais me promener seul et ruminer mon chagrin. Il faisait un temps superbe, ensoleillé, et modérément chaud ; un vent frais et joyeux errait au-dessus de la terre, folâtrait  et bruissait, mais avec retenue. Je marchai longtemps à travers monts et bois, profondément insatisfait, car le but de ma randonnée avait été de m'adonner à la mélancolie, et voilà que la jeunesse, la splendeur du soleil, la fraîcheur de l'air, le plaisir d'une marche rapide, la molle volupté de s'allonger dans l'herbe dense, loin de tous les regards, voilà que tout cela  prenait le dessus et me faisait oublier mon chagrin...

Et puis le souvenir des paroles de Zinaïda et de ses baisers s'empara de nouveau de mon âme. Il m'était doux de me dire qu'elle avait été bien forcée de reconnaître ma force de caractère et mon héroïsme..."

 Ivan TOURGUENIEV, Premier amour (trad. R. Hoffmann)

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