Sur un quartier de roche, un fantôme de marbre,
Le menton dans la main et le coude au genou,
Les pieds pris dans le sol, ainsi que des pieds d'arbre,
Pleure éternellement sans relever le cou.
Quel chagrin pèse donc sur ta tête abattue ?
A quel puits de douleurs tes yeux puisent-ils l'eau ?
Et que souffres-tu donc dans ton coeur de statue,
Pour que ton sein sculpté soulève ton manteau ?
Tes larmes, en tombant du coin de la paupière,
Goutte à goutte, sans cesse et sur le même endroit,
Ont fait dans l'épaisseur de ta cuisse de pierre
Un creux où le bouvreuil trempe son aile et boit.
O symbole muet de l'humaine misère,
Niobé sans enfants, mère des sept douleurs,
Assise sur l'Athos ou bien sur le Calvaire,
Quel fleuve d'Amérique est plus grand que tes pleurs ?
Théophile GAUTIER, Emaux et Camées (1852)
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
samedi 21 novembre 2009
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