Or, il advint qu'un jour Adam entendit en son moi Eve qui l'interrogeait : "Adam, être de mon amour, n'est-il pas vrai que ce qui me sépare de toi est le rien ?"
Ce mot rien résonnait doucement et étrangement dans la bouche de l'épouse. Adam tomba dans une profonde méditation.
Il ne ferma pas les yeux. Il interrogeait l'espace, l'incorporelle lumière de la beauté. La vision était là. Adam leva la tête; un aigle volait vers le soleil. L'espace était là. Deux nuages légers glissaient lentement comme pour se fondre en un seul : il y avait comme une impatience en Adam; les nuages glissaient lentement dans le temps. Et sous les pieds d'Adam, les pierres étaient chaudes du merveilleux midi.
O.V. de L. MILOSZ, Les Arcanes (1994)
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
jeudi 31 mars 2011
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