dimanche 27 janvier 2013

Historia de la resurrección del papagayo

El papagayo cayó en la olla que humeaba. Se asomó, se mareó y cayó.
Cayó por curioso, y se ahogó en la sopa caliente.
La niña, que era su amiga, lloró.
La naranja se desnudó de su cáscara y se le
ofreció de consuelo.
El fuego que ardía bajo la olla se arrepintió y se apagó.
Del muro se desprendió una piedra.
El árbol, inclinado sobre el muro, se estremeció de pena,
y todas sus hojas se fueron al suelo.
Como todos los días llegó el viento a peinar el árbol frondoso,
y lo encontró pelado.
Cuando el viento supo lo que había ocurrido, perdió una ráfaga.
La ráfaga abrió la ventana, anduvo sin rumbo por el mundo
y se fue al cielo.
Cuando el cielo se enteró de la mala noticia, se puso pálido.
Y viendo al cielo blanco, el hombre se quedó sin palabras.

El alfarero de Ceará quiso saber. Por fin el hombre recuperó el habla,
y contó que el papagayo se había ahogado y la niña había llorado
y la naranja se había desnudado
y el fuego se había apagado
y el muro había perdido una piedra
y el árbol había perdido las hojas
y el viento había perdido una ráfaga
y la ventana se había abierto
y el cielo había quedado sin color
y el hombre sin palabras.


Entonces el alfarero reunió toda la tristeza. Y con esos materiales,
sus manos pudieron renacer al muerto.
El papagayo que brotó de la pena tuvo plumas rojas del fuego
y plumas azules del cielo
y plumas verdes de las hojas del árbol
y un pico duro de piedra y dorado de naranja
y tuvo palabras humanas para decir
y agua de lágrimas para beber y refrescarse
y tuvo una ventana abierta para escaparse
y voló en la ráfaga del viento.


Eduardo GALEANO 

 

Histoire de la résurrection du perroquet

 

Le perroquet tomba dans la marmite fumante. Il se pencha, la tête lui tourna et il tomba.
Sa curiosité l’avait fait tomber et se noyer dans la soupe chaude.
La jeune fille, qui était son amie, pleura.
L'orange se dépouilla de son écorce et la lui
offrit pour le consoler
Le feu qui brûlait sous la marmite se repentit et mourut.
Du mur une pierre se détacha.
L'arbre, se penchant sur le mur, fut secoué de douleur,
et toutes ses feuilles tombèrent par terre.
Comme chaque jour, le vent se leva pour peigner l'arbre feuillu,
et le trouva nu.
Quand le vent sut ce qui s'était passé, il en lâcha une rafale.
La rafale ouvrit la fenêtre, erra sans but à travers le monde
et s’en fut au ciel.
Quand le ciel apprit la mauvaise nouvelle, il pâlit.
Et voyant le ciel blanc, l'homme resta sans voix.

Le potier de Ceará voulut savoir. L'homme retrouva finalement sa voix,
et dit que le perroquet s'était noyé et que la jeune fille avait pleuré
que l’orange s’était dénudée
que le feu s’était éteint
que le mur avait perdu une pierre
que l'arbre avait perdu ses feuilles
que le vent avait perdu une rafale
que la fenêtre s’était ouverte
que le ciel avait pâli
et que l'homme était resté sans voix.


Alors, le potier rassembla toute la tristesse. Et à partir de ces matériaux
ses mains réussirent à ressusciter le mort.
Le perroquet qui était éclos de la douleur avait les plumes rouges du feu
et les plumes bleues du ciel
et les plumes vertes des feuilles de l'arbre
et le bec dur de la pierre et doré de l’orange
et il avait les mots de l'homme pour parler
et l'eau des larmes pour boire et se rafraîchir
et une fenêtre ouverte pour s’échapper
et il s’envola dans la rafale de vent.

D'après Eduardo Galeano (traduit par mes soins)
 

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