Or, il advint qu'un jour Adam entendit en son moi Eve qui l'interrogeait : "Adam, être de mon amour, n'est-il pas vrai que ce qui me sépare de toi est le rien ?"
Ce mot rien résonnait doucement et étrangement dans la bouche de l'épouse. Adam tomba dans une profonde méditation.
Il ne ferma pas les yeux. Il interrogeait l'espace, l'incorporelle lumière de la beauté. La vision était là. Adam leva la tête; un aigle volait vers le soleil. L'espace était là. Deux nuages légers glissaient lentement comme pour se fondre en un seul : il y avait comme une impatience en Adam; les nuages glissaient lentement dans le temps. Et sous les pieds d'Adam, les pierres étaient chaudes du merveilleux midi.
O.V. de L. MILOSZ, Les Arcanes (1994)
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
jeudi 31 mars 2011
mercredi 16 mars 2011
Pour l'Absente
Je ne cherche plus ton visage
Ta voix ne m’atteint plus qu’en rêve
Nul besoin de serrer ton poignet sous mes doigts
Mais l’opacité des jours et des nuits
s’est diluée dans la clarté
Délivré
du nuage devant le soleil
de la mélancolie du regard qui se détourne
Pour trouver dans l’absence la force d’aimer mieux
Je sais quels mots tu n’as jamais pu dire
Je sais quels autres mots j’aurais dû inventer
Tu n’as jamais été si près de moi
Marcel RAYMOND, Poèmes pour l'Absente
Ta voix ne m’atteint plus qu’en rêve
Nul besoin de serrer ton poignet sous mes doigts
Mais l’opacité des jours et des nuits
s’est diluée dans la clarté
Délivré
du nuage devant le soleil
de la mélancolie du regard qui se détourne
Pour trouver dans l’absence la force d’aimer mieux
Je sais quels mots tu n’as jamais pu dire
Je sais quels autres mots j’aurais dû inventer
Tu n’as jamais été si près de moi
Marcel RAYMOND, Poèmes pour l'Absente
dimanche 6 mars 2011
J'aime ce poème
Ce n'est pas tous les jours dimanche
Et longue joie...Il faut partir.
La peur de ne pas revenir
Fait que son sort ne change.
Je sais ce qu'il a vu,
Ses enfants à la main,
Gais et si fiers de ce butin,
Dans les maisons et dans les rues.
Il a vu l'endroit où est son bonheur,
Des corsages fleuris d'anneaux et de rondeurs,
Sa femme avec des yeux amusants et troublants,
Comme un frisson d'air après les chaleurs,
Et tout son amour de maître du sang.
Paul ELUARD, Le devoir et l'inquiétude (1917)
Et longue joie...Il faut partir.
La peur de ne pas revenir
Fait que son sort ne change.
Je sais ce qu'il a vu,
Ses enfants à la main,
Gais et si fiers de ce butin,
Dans les maisons et dans les rues.
Il a vu l'endroit où est son bonheur,
Des corsages fleuris d'anneaux et de rondeurs,
Sa femme avec des yeux amusants et troublants,
Comme un frisson d'air après les chaleurs,
Et tout son amour de maître du sang.
Paul ELUARD, Le devoir et l'inquiétude (1917)
samedi 5 mars 2011
Le rendez-vous perpétuel
J'écris contre le vent majeur et n'en déplaise
A ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées
Plus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise
L'histoire et mon amour ont la même foulée
J'écris contre le vent majeur et que m'importe
Ceux qui ne lisent pas dans la blondeur des blés
Le pain futur et rient que pour moi toute porte
Ne soit que ton passage et tout ciel que tes yeux
Qu'un tramway qui s'en va toujours un peu t'emporte
Contre le vent majeur par un temps nuageux
J'écris comme je veux et tant pis pour les sourds
Si chanter leur paraît mentir à mauvais jeu
Il n'y a pas d'amour qui ne soit notre amour
La trace de tes pas m'explique le chemin
C'est toi non le soleil qui fais pour moi le jour
Je comprends le soleil au hâle de tes mains
Le soleil sans amour c'est la vie au hasard
Le soleil sans amour c'est hier sans demain
Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent
C'est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré
C'est toujours notre amour la rue où l'on s'égare
C'est notre amour c'est toi quand la rue est barrée
C'est toi quand le train part le coeur qui se déchire
C'est toi le gant perdu pour le gant déparé
C'est toi tous les pensers qui font l'homme pâlir
C'est toi dans les mouchoirs agités longuement
Et c'est toi qui t'en vas sur le pont des navires
Toi les sanglots éteints toi les balbutiements
Et sur le seuil au soir les aveux sans paroles
Un murmure échappé des mots dits en dormant
Le sourire surpris le rideau qui s'envole
Dans un préau d'école au loin l'écho des voix
Un deux trois des enfants qui comptent qui s'y colle
La nuit le bruire des colombes sur le toit
La plainte des prisons la perle des plongeurs
Tout ce qui fait chanter et se taire c'est toi
Et c'est toi que je chante AVEC le vent majeur
Louis ARAGON, Deux poètes d'aujourd'hui (Inédit, 1947)
A ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées
Plus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise
L'histoire et mon amour ont la même foulée
J'écris contre le vent majeur et que m'importe
Ceux qui ne lisent pas dans la blondeur des blés
Le pain futur et rient que pour moi toute porte
Ne soit que ton passage et tout ciel que tes yeux
Qu'un tramway qui s'en va toujours un peu t'emporte
Contre le vent majeur par un temps nuageux
J'écris comme je veux et tant pis pour les sourds
Si chanter leur paraît mentir à mauvais jeu
Il n'y a pas d'amour qui ne soit notre amour
La trace de tes pas m'explique le chemin
C'est toi non le soleil qui fais pour moi le jour
Je comprends le soleil au hâle de tes mains
Le soleil sans amour c'est la vie au hasard
Le soleil sans amour c'est hier sans demain
Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent
C'est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré
C'est toujours notre amour la rue où l'on s'égare
C'est notre amour c'est toi quand la rue est barrée
C'est toi quand le train part le coeur qui se déchire
C'est toi le gant perdu pour le gant déparé
C'est toi tous les pensers qui font l'homme pâlir
C'est toi dans les mouchoirs agités longuement
Et c'est toi qui t'en vas sur le pont des navires
Toi les sanglots éteints toi les balbutiements
Et sur le seuil au soir les aveux sans paroles
Un murmure échappé des mots dits en dormant
Le sourire surpris le rideau qui s'envole
Dans un préau d'école au loin l'écho des voix
Un deux trois des enfants qui comptent qui s'y colle
La nuit le bruire des colombes sur le toit
La plainte des prisons la perle des plongeurs
Tout ce qui fait chanter et se taire c'est toi
Et c'est toi que je chante AVEC le vent majeur
Louis ARAGON, Deux poètes d'aujourd'hui (Inédit, 1947)
jeudi 3 mars 2011
Cleopatra
The barge she sat in, like a burnish'd Throne
Burnt on the water : the poop was beaten gold,
Purple the sails : and so perfumed that
The winds were love-sick.
With them the oars were silver,
Which to the tune of flutes kept stroke, and made
The water which they beat, to follow faster ;
As amorous of their strokes. For her own person,
It beggar'd all description, she did lie
In her pavilion, cloth of gold, of tissue,
O'er-picturing that Venus, where we see
The fancy out-work Nature. On each side her,
Stood pretty dimpled boys, like smiling Cupids,
With divers colour'd fans whose wind did seem,
To glow the delicate cheeks which they did cool,
And what they undid did.
(...)
Her gentlewomen, like the Nereides,
So many mermaids tended her i'th'eyes,
And made their bends adornings. At the helm,
A seeming mermaid steers : the silken tackle,
Swell with the touches of those flower-soft hands,
That yarely frame the office. From the barge
A strange invisible perfume hits the sense
Of the adjacent wharfs.
SHAKESPEARE, The Tragedy of Antony and Cleopatra (Act Two, Scene Two).
Burnt on the water : the poop was beaten gold,
Purple the sails : and so perfumed that
The winds were love-sick.
With them the oars were silver,
Which to the tune of flutes kept stroke, and made
The water which they beat, to follow faster ;
As amorous of their strokes. For her own person,
It beggar'd all description, she did lie
In her pavilion, cloth of gold, of tissue,
O'er-picturing that Venus, where we see
The fancy out-work Nature. On each side her,
Stood pretty dimpled boys, like smiling Cupids,
With divers colour'd fans whose wind did seem,
To glow the delicate cheeks which they did cool,
And what they undid did.
(...)
Her gentlewomen, like the Nereides,
So many mermaids tended her i'th'eyes,
And made their bends adornings. At the helm,
A seeming mermaid steers : the silken tackle,
Swell with the touches of those flower-soft hands,
That yarely frame the office. From the barge
A strange invisible perfume hits the sense
Of the adjacent wharfs.
SHAKESPEARE, The Tragedy of Antony and Cleopatra (Act Two, Scene Two).
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Et Dieu s'promena, et regarda bien attentivement Son Soleil, et sa Lune, et les p'tits astres de son firmament. Il regarda la terre ...