La lune est rouge au brumeux horizon ;
Dans un brouillard qui danse, la prairie
S’endort fumeuse, et la grenouille crie
Par les joncs verts où circule un frisson ;
Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
Des peupliers profilent aux lointains,
Droits et serrés, leurs spectres incertains ;
Vers les buissons errent les lucioles ;
Les chats-huants s’éveillent, et sans bruit
Rament l’air noir avec leurs ailes lourdes,
Et le zénith s’emplit de lueurs sourdes.
Blanche, Vénus émerge, et c’est la Nuit.
Paul VERLAINE, Poèmes saturniens (1866)
Mon blog propose à la lecture des poésies et des réflexions de différents auteurs, le plus souvent de langue française, et parfois de langue anglaise ou espagnole.
lundi 30 novembre 2009
dimanche 29 novembre 2009
La joie
...la substantielle joie de la vie se trouve dans la conscience, ou l'intuition, que par tout ce que nous goûtons, créons, surmontons, découvrons, ou souffrons, en nous-mêmes ou en autrui, dans toute ligne possible de vie ou de mort (organique, biologique, sociale, artistique, scientifique...) nous augmentons par degrés (et nous sommes incorporés par degrés dans) la croissance de l'Ame ou Esprit universels.
(...)
Cette Présence illumine en leurs profondeurs les secrètes zones de toute chose et tout homme autour de nous. Nous la pouvons atteindre en la pleine réalisation (et non dans la simple jouissance !) de toute chose et tout homme. Et nous n'en pouvons être privés par rien ni par personne.
Pierre TEILHARD de CHARDIN (28 septembre 1933)
(...)
Cette Présence illumine en leurs profondeurs les secrètes zones de toute chose et tout homme autour de nous. Nous la pouvons atteindre en la pleine réalisation (et non dans la simple jouissance !) de toute chose et tout homme. Et nous n'en pouvons être privés par rien ni par personne.
Pierre TEILHARD de CHARDIN (28 septembre 1933)
samedi 28 novembre 2009
Après trois ans
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
- Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Paul VERLAINE (1844-1896), Poèmes saturniens
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
- Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Paul VERLAINE (1844-1896), Poèmes saturniens
vendredi 27 novembre 2009
Intuition ...
Nous n'aimons pas conformément à notre façon de penser, mais nous pensons conformément à notre façon d'aimer.
Vassili ROZANOV, Feuilles tombées
Vassili ROZANOV, Feuilles tombées
jeudi 26 novembre 2009
THANKSGIVING
Commit thy way to the Lord, and trust in Him, and He will do it. And He will bring forth thy justice as the light, and thy judgment as the noon-day.
John Henry Cardinal NEWMAN
John Henry Cardinal NEWMAN
mercredi 25 novembre 2009
Bien loin d’ici
C’est ici la case sacrée
Où cette fille très parée,
Tranquille et toujours préparée,
D’une main éventant ses seins,
Et son coude dans les coussins,
Ecoute pleurer les bassins :
C’est la chambre de Dorothée.
- La brise et l’eau chantent au loin
Leur chanson de sanglots heurtée
Pour bercer cette enfant gâtée.
De haut en bas, avec grand soin ;
Sa peau délicate est frottée
D’huile odorante et de benjoin.
- Des fleurs se pâment dans un coin.
Charles BAUDELAIRE (1821-1867), Les Fleurs du Mal.
Où cette fille très parée,
Tranquille et toujours préparée,
D’une main éventant ses seins,
Et son coude dans les coussins,
Ecoute pleurer les bassins :
C’est la chambre de Dorothée.
- La brise et l’eau chantent au loin
Leur chanson de sanglots heurtée
Pour bercer cette enfant gâtée.
De haut en bas, avec grand soin ;
Sa peau délicate est frottée
D’huile odorante et de benjoin.
- Des fleurs se pâment dans un coin.
Charles BAUDELAIRE (1821-1867), Les Fleurs du Mal.
mardi 24 novembre 2009
Femme
Et sur la grève de mon corps l’homme né de mer s’est allongé. Qu’il rafraîchisse son visage à même la source sous les sables ; et se réjouisse sur mon aire, comme le dieu tatoué de fougère mâle… Mon amour, as-tu soif ? Je suis femme à tes lèvres plus neuve que la soif. Et mon visage entre tes mains comme aux mains fraîches du naufrage, ah ! qu’il te soit dans la nuit chaude fraîcheur d’amande et saveur d’aube, et connaissance première du fruit sur la rive étrangère.
Saint-John PERSE, Amers
Saint-John PERSE, Amers
lundi 23 novembre 2009
Enfant, pourquoi pleurer ?
Enfant, pourquoi pleurer, puisque sur ton passage
On écarte toujours les ronces du chemin?
Une larme fait mal sur un jeune visage,
Cueille et tresse les fleurs qu'on jette sous ta main.
Chante, petit enfant, toute chose a son heure;
Va de ton pied léger, par le sentier fleuri;
Tout paraît s'attrister sitôt que l'enfant pleure,
Et tout paraît heureux lorsque l'enfant sourit.
Comme un rayon joyeux ton rire doit éclore,
Et l'oiseau doit chanter sous l'ombre des berceaux,
Car le bon Dieu là-haut écoute dès l'aurore
Le rire des enfants et le chant des oiseaux.
Guy de MAUPASSANT, Poésies Diverses (1850-1893)
On écarte toujours les ronces du chemin?
Une larme fait mal sur un jeune visage,
Cueille et tresse les fleurs qu'on jette sous ta main.
Chante, petit enfant, toute chose a son heure;
Va de ton pied léger, par le sentier fleuri;
Tout paraît s'attrister sitôt que l'enfant pleure,
Et tout paraît heureux lorsque l'enfant sourit.
Comme un rayon joyeux ton rire doit éclore,
Et l'oiseau doit chanter sous l'ombre des berceaux,
Car le bon Dieu là-haut écoute dès l'aurore
Le rire des enfants et le chant des oiseaux.
Guy de MAUPASSANT, Poésies Diverses (1850-1893)
dimanche 22 novembre 2009
Humilité
Je voudrais être
humble flaque d'eau
pour refléter le ciel !
Dom Helder Camara, Mille raisons pour vivre
humble flaque d'eau
pour refléter le ciel !
Dom Helder Camara, Mille raisons pour vivre
samedi 21 novembre 2009
Niobé
Sur un quartier de roche, un fantôme de marbre,
Le menton dans la main et le coude au genou,
Les pieds pris dans le sol, ainsi que des pieds d'arbre,
Pleure éternellement sans relever le cou.
Quel chagrin pèse donc sur ta tête abattue ?
A quel puits de douleurs tes yeux puisent-ils l'eau ?
Et que souffres-tu donc dans ton coeur de statue,
Pour que ton sein sculpté soulève ton manteau ?
Tes larmes, en tombant du coin de la paupière,
Goutte à goutte, sans cesse et sur le même endroit,
Ont fait dans l'épaisseur de ta cuisse de pierre
Un creux où le bouvreuil trempe son aile et boit.
O symbole muet de l'humaine misère,
Niobé sans enfants, mère des sept douleurs,
Assise sur l'Athos ou bien sur le Calvaire,
Quel fleuve d'Amérique est plus grand que tes pleurs ?
Théophile GAUTIER, Emaux et Camées (1852)
Le menton dans la main et le coude au genou,
Les pieds pris dans le sol, ainsi que des pieds d'arbre,
Pleure éternellement sans relever le cou.
Quel chagrin pèse donc sur ta tête abattue ?
A quel puits de douleurs tes yeux puisent-ils l'eau ?
Et que souffres-tu donc dans ton coeur de statue,
Pour que ton sein sculpté soulève ton manteau ?
Tes larmes, en tombant du coin de la paupière,
Goutte à goutte, sans cesse et sur le même endroit,
Ont fait dans l'épaisseur de ta cuisse de pierre
Un creux où le bouvreuil trempe son aile et boit.
O symbole muet de l'humaine misère,
Niobé sans enfants, mère des sept douleurs,
Assise sur l'Athos ou bien sur le Calvaire,
Quel fleuve d'Amérique est plus grand que tes pleurs ?
Théophile GAUTIER, Emaux et Camées (1852)
vendredi 20 novembre 2009
Contemplation
La contemplation de la nature accable la pensée, on se sent avec elle des rapports qui ne tiennent ni au bien ni au mal qu’elle peut nous faire ; mais son âme visible vient chercher la nôtre dans notre sein, et s’entretient avec nous. Quand les ténèbres nous épouvantent, ce ne sont pas toujours les périls auxquels ils nous exposent que nous redoutons, mais c’est la sympathie de la nuit avec tous les genres de privations et de douleurs dont nous sommes pénétrés. Le soleil, au contraire, est comme une émanation de la Divinité, comme le messager éclatant d’une prière exaucée ; ses rayons descendent sur la terre, non seulement pour guider les travaux de l’homme, mais pour exprimer de l’amour à la nature…
Madame de STAEL, De l’Allemagne, IVe partie, chapitre ix. De la contemplation de la nature.
Madame de STAEL, De l’Allemagne, IVe partie, chapitre ix. De la contemplation de la nature.
jeudi 19 novembre 2009
LA GUITARRA
EMPIEZA el llanto
de la guitarra.
Se rompen las copas
de la madrugada.
Empieza el llanto
de la guitarra.
Es inútil callarla.
Es imposible
callarla.
Llora monótona
como llora el agua,
como llora el viento
sobre la nevada.
Es imposible
callarla.
Llora por cosas
lejanas.
Arena del Sur caliente
que pide camelias blancas.
Llora flecha sin blanco,
la tarde sin mañana,
y el primer pájaro muerto
sobre la rama.
¡ Oh, guitarra !
Corazón malherido
por cinco espadas.
Federico GARCIA LORCA, Poema del Cante Jondo (1921-1922)
La guitare
Commencent les larmes
de la guitare.
Se brisent les coupes
du petit jour.
Commencent les larmes
de la guitare.
Inutile
de l’arrêter.
Impossible
de l’arrêter.
Elle pleure, monotone
comme pleure l’onde
comme pleure le vent
sur la neige.
Impossible
de l’arrêter.
Elle pleure pour des choses
lointaines.
Sable du Sud brûlant
qui appelle des camélias blancs.
Elle pleure la flèche égarée,
le soir sans lendemain,
et le premier oiseau mort
sur la branche.
Ô guitare !
Cœur blessé
par cinq épées.
Federico Garcia Lorca (1899-1936), Poèmes du Cante Jondo (Traduction de A. Bélamich, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade).
de la guitarra.
Se rompen las copas
de la madrugada.
Empieza el llanto
de la guitarra.
Es inútil callarla.
Es imposible
callarla.
Llora monótona
como llora el agua,
como llora el viento
sobre la nevada.
Es imposible
callarla.
Llora por cosas
lejanas.
Arena del Sur caliente
que pide camelias blancas.
Llora flecha sin blanco,
la tarde sin mañana,
y el primer pájaro muerto
sobre la rama.
¡ Oh, guitarra !
Corazón malherido
por cinco espadas.
Federico GARCIA LORCA, Poema del Cante Jondo (1921-1922)
La guitare
Commencent les larmes
de la guitare.
Se brisent les coupes
du petit jour.
Commencent les larmes
de la guitare.
Inutile
de l’arrêter.
Impossible
de l’arrêter.
Elle pleure, monotone
comme pleure l’onde
comme pleure le vent
sur la neige.
Impossible
de l’arrêter.
Elle pleure pour des choses
lointaines.
Sable du Sud brûlant
qui appelle des camélias blancs.
Elle pleure la flèche égarée,
le soir sans lendemain,
et le premier oiseau mort
sur la branche.
Ô guitare !
Cœur blessé
par cinq épées.
Federico Garcia Lorca (1899-1936), Poèmes du Cante Jondo (Traduction de A. Bélamich, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade).
mercredi 18 novembre 2009
When You are Old
When you are old and gray and full of sleep
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read, and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep ;
How many loved your moments of glad grace,
And loved your beauty with love false or true ;
But one man loved the pilgrim soul in you,
And loved the sorrows of your changing face.
And bending down beside the glowing bars,
Murmur, a little sadly, how Love fled
And paced upon the mountains overhead,
And hid his face amid a crowd of stars.
William Butler YEATS, The Rose (1893)
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read, and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep ;
How many loved your moments of glad grace,
And loved your beauty with love false or true ;
But one man loved the pilgrim soul in you,
And loved the sorrows of your changing face.
And bending down beside the glowing bars,
Murmur, a little sadly, how Love fled
And paced upon the mountains overhead,
And hid his face amid a crowd of stars.
William Butler YEATS, The Rose (1893)
mardi 17 novembre 2009
J’aurai rêvé ma vie…
J’aurai rêvé ma vie à l’instar des rivières
Vivant en même temps la source et l’océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le mont, la plaine et les plages dernières.
Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d’autre et me laissent errant.
Suis-je l’eau qui s’en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour tout ce qu’il laissa derrière ?
Ou serais-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n’a plus que la ressource
De chercher l’océan du côté de la source
Puisqu’est derrière lui le meilleur de l’espoir ?
Jules SUPERVIELLE, Oublieuse Mémoire
Vivant en même temps la source et l’océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le mont, la plaine et les plages dernières.
Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d’autre et me laissent errant.
Suis-je l’eau qui s’en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour tout ce qu’il laissa derrière ?
Ou serais-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n’a plus que la ressource
De chercher l’océan du côté de la source
Puisqu’est derrière lui le meilleur de l’espoir ?
Jules SUPERVIELLE, Oublieuse Mémoire
lundi 16 novembre 2009
Solo de lune (fragment)
Nous nous aimions comme deux fous,
On s'est quitté sans en parler,
Un spleen me tenait exilé,
Et ce spleen me venait de tout. Bon.
Ses yeux disaient : "Comprenez-vous ?
"Pourquoi ne comprenez-vous pas ?"
Mais nul n'a voulu faire le premier pas,
Voulant trop tomber ensemble à genoux.
(Comprenez-vous ?)
Où est-elle à cet heure ?
Peut-être qu'elle pleure...
Où est-elle à cette heure ?
Oh ! du moins, soigne-toi, je t'en conjure !
...
Voici qu'il fait très, très frais,
Oh ! si à la même heure
Elle va de même le long des forêts,
Noyer son infortune
Dans les noces du clair de lune !...
(Elle aime tant errer tard !)
Elle aura oublié son foulard,
Elle va prendre mal, vu la beauté de l'heure !
Oh ! soigne-toi, je t'en conjure !
Oh ! je ne veux plus entendre cette toux !
Ah ! que ne suis-je tombé à tes genoux !
Ah ! que n'as-tu défailli à mes genoux !
J'eusse été le modèle des époux !
Comme le frou-frou de ta robe est le modèle des frou-frou.
Jules LAFORGUE (1860-1887), Derniers vers, VII.
On s'est quitté sans en parler,
Un spleen me tenait exilé,
Et ce spleen me venait de tout. Bon.
Ses yeux disaient : "Comprenez-vous ?
"Pourquoi ne comprenez-vous pas ?"
Mais nul n'a voulu faire le premier pas,
Voulant trop tomber ensemble à genoux.
(Comprenez-vous ?)
Où est-elle à cet heure ?
Peut-être qu'elle pleure...
Où est-elle à cette heure ?
Oh ! du moins, soigne-toi, je t'en conjure !
...
Voici qu'il fait très, très frais,
Oh ! si à la même heure
Elle va de même le long des forêts,
Noyer son infortune
Dans les noces du clair de lune !...
(Elle aime tant errer tard !)
Elle aura oublié son foulard,
Elle va prendre mal, vu la beauté de l'heure !
Oh ! soigne-toi, je t'en conjure !
Oh ! je ne veux plus entendre cette toux !
Ah ! que ne suis-je tombé à tes genoux !
Ah ! que n'as-tu défailli à mes genoux !
J'eusse été le modèle des époux !
Comme le frou-frou de ta robe est le modèle des frou-frou.
Jules LAFORGUE (1860-1887), Derniers vers, VII.
dimanche 15 novembre 2009
L'amour
Laissez l'amour [...]. En vain vous l'accuserez de mensonge : c'est pour multiplier son bienfait qu'il apparaît sous tant de traits, diligent, subtil et divers en la flamme, source visible à peine, torrent qui tout emporte, petite lumière dans la nuit, puis tout à coup fontaine de clartés jaillissantes, éblouissement des yeux, ferveur du monde.
Georges BERNANOS, La Tombe refermée
Georges BERNANOS, La Tombe refermée
samedi 14 novembre 2009
LA LIBELLULE
Près de l'étang, sur la prêle
Vole, agaçant le désir,
La Libellule au corps frêle
Qu'on voudrait en vain saisir.
Est-ce une chimère, un rêve
Que traverse un rayon d'or ?
Tout à coup elle fait trêve
À son lumineux essor.
Elle part, elle se pose,
Apparaît dans un éclair
Et fuit, dédaignant la rose
Pour le lotus froid et clair.
À la fois puissante et libre,
Soeur du vent, fille du ciel,
Son aile frissonne et vibre
Comme le luth d'Ariel.
Fugitive, transparente,
Faite d'azur et de nuit,
Elle semble une âme errante
Sur l'eau qui dans l'ombre luit.
Radieuse elle se joue
Sur les lotus entr'ouverts,
Comme un baiser sur la joue
De la Naïade aux yeux verts.
Que cherche-t-elle ? une proie.
Sa devise est : cruauté.
Le carnage met en joie
Son implacable beauté.
Camille Saint-Saëns (1835-1921), Rimes familières
Vole, agaçant le désir,
La Libellule au corps frêle
Qu'on voudrait en vain saisir.
Est-ce une chimère, un rêve
Que traverse un rayon d'or ?
Tout à coup elle fait trêve
À son lumineux essor.
Elle part, elle se pose,
Apparaît dans un éclair
Et fuit, dédaignant la rose
Pour le lotus froid et clair.
À la fois puissante et libre,
Soeur du vent, fille du ciel,
Son aile frissonne et vibre
Comme le luth d'Ariel.
Fugitive, transparente,
Faite d'azur et de nuit,
Elle semble une âme errante
Sur l'eau qui dans l'ombre luit.
Radieuse elle se joue
Sur les lotus entr'ouverts,
Comme un baiser sur la joue
De la Naïade aux yeux verts.
Que cherche-t-elle ? une proie.
Sa devise est : cruauté.
Le carnage met en joie
Son implacable beauté.
Camille Saint-Saëns (1835-1921), Rimes familières
vendredi 13 novembre 2009
Meantime
Far away, far away,
Far away from here...
There is no worry after joy
Or away from fear
Far away from here.
Her lips were not very red,
Nor her hair quite gold.
Her hands played with rings.
She did not let me hold
Her hands playing with gold.
She is something past,
Far away from pain.
Joy can touch her not, nor hope
Enter her domain,
Neither love in vain.
Perhaps at some day beyond
Shadows and light
She will think of me and make
All me a delight
All away from sight.
Fernando PESSOA, Poemas Ingleses
INTERVALO
Longe, muito longe,
Bem longe daqui…
Não há mágoa após o gozo
Ou do medo fugir
Bem longe daqui.
Seus lábios não muito rubros,
Cabelo não muito louro.
Mãos bincavam com anéis.
Que eu pegasse não deixou
Nas mãos brincando com ouro.
Como ela é de outrora,
E da dor distante.
Gozo a não toca, e esperar
Não pisa o seu chão,
Nem o amor em vão.
Para além, talvez que um dia,
Das sombras a arder,
Ela me pense e me faça
Um inteiro prazer
Bem longe do ver.
Fernando PESSOA, Poemas Ingleses
Far away from here...
There is no worry after joy
Or away from fear
Far away from here.
Her lips were not very red,
Nor her hair quite gold.
Her hands played with rings.
She did not let me hold
Her hands playing with gold.
She is something past,
Far away from pain.
Joy can touch her not, nor hope
Enter her domain,
Neither love in vain.
Perhaps at some day beyond
Shadows and light
She will think of me and make
All me a delight
All away from sight.
Fernando PESSOA, Poemas Ingleses
INTERVALO
Longe, muito longe,
Bem longe daqui…
Não há mágoa após o gozo
Ou do medo fugir
Bem longe daqui.
Seus lábios não muito rubros,
Cabelo não muito louro.
Mãos bincavam com anéis.
Que eu pegasse não deixou
Nas mãos brincando com ouro.
Como ela é de outrora,
E da dor distante.
Gozo a não toca, e esperar
Não pisa o seu chão,
Nem o amor em vão.
Para além, talvez que um dia,
Das sombras a arder,
Ela me pense e me faça
Um inteiro prazer
Bem longe do ver.
Fernando PESSOA, Poemas Ingleses
jeudi 12 novembre 2009
Sagesse
Sans franchir le pas de ta porte
Connais les voies de sous le ciel
Sans regarder à ta fenêtre
Connais la Voie du Ciel
Plus loin tu vas
Moins tu connais
Le sage connaît sans bouger
Comprend sans voir
Oeuvre sans faire
LAO-TZEU, Tao-tê-king
Connais les voies de sous le ciel
Sans regarder à ta fenêtre
Connais la Voie du Ciel
Plus loin tu vas
Moins tu connais
Le sage connaît sans bouger
Comprend sans voir
Oeuvre sans faire
LAO-TZEU, Tao-tê-king
mercredi 11 novembre 2009
Remembrance Day (11 Novembre 1918)
A celle dont ils rêvent
Neuf cent mille prisonniers
Cinq cent mille politiques
Un million de travailleurs
Maîtresse de leur sommeil
Donne-leur des forces d'homme
Le bonheur d'être sur terre
Donne-leur dans l'ombre immense
Les lèvres d'un amour doux
Comme l'oubli des souffrances
Maîtresse de leur sommeil
Fille femme soeur et mère
Aux seins gonflés de baisers
Donne-leur notre pays
Tel qu'ils l'ont toujours chéri
Un pays fou de la vie
Un pays où le vin chante
Où les moissons ont bon coeur
Où les enfants sont malins
Où les vieillards sont plus fins
Qu'arbres à fruits blancs de fleurs
Où l'on peut parler aux femmes
Neuf cent mille prisonniers
Cinq cent mille politiques
Un million de travailleurs
Maîtresse de leur sommeil
Neige noire des nuits blanches
A travers un feu exsangue
Sainte Aube à la canne blanche
Fais-leur voir un chemin neuf
Hors de leur prison de planches
Ils sont payés pour connaître
Les pires forces du mal
Pourtant ils ont tenu bon
Ils sont criblés de vertus
Tout autant que de blessures
Car il faut qu'ils se survivent
Maîtresse de leur repos
Maîtresse de leur éveil
Donne-leur la liberté
Mais garde-nous notre honte
D'avoir pu croire à la honte
Même pour l'anéantir.
Paul ELUARD, Les armes de la douleur (1944)
Neuf cent mille prisonniers
Cinq cent mille politiques
Un million de travailleurs
Maîtresse de leur sommeil
Donne-leur des forces d'homme
Le bonheur d'être sur terre
Donne-leur dans l'ombre immense
Les lèvres d'un amour doux
Comme l'oubli des souffrances
Maîtresse de leur sommeil
Fille femme soeur et mère
Aux seins gonflés de baisers
Donne-leur notre pays
Tel qu'ils l'ont toujours chéri
Un pays fou de la vie
Un pays où le vin chante
Où les moissons ont bon coeur
Où les enfants sont malins
Où les vieillards sont plus fins
Qu'arbres à fruits blancs de fleurs
Où l'on peut parler aux femmes
Neuf cent mille prisonniers
Cinq cent mille politiques
Un million de travailleurs
Maîtresse de leur sommeil
Neige noire des nuits blanches
A travers un feu exsangue
Sainte Aube à la canne blanche
Fais-leur voir un chemin neuf
Hors de leur prison de planches
Ils sont payés pour connaître
Les pires forces du mal
Pourtant ils ont tenu bon
Ils sont criblés de vertus
Tout autant que de blessures
Car il faut qu'ils se survivent
Maîtresse de leur repos
Maîtresse de leur éveil
Donne-leur la liberté
Mais garde-nous notre honte
D'avoir pu croire à la honte
Même pour l'anéantir.
Paul ELUARD, Les armes de la douleur (1944)
mardi 10 novembre 2009
La tristesse
La tristesse est mon éternelle invitée. Combien je l’aime.
Elle n’est ni richement, ni pauvrement vêtue. Plutôt maigrichonne. Je crois qu’elle ressemble à ma mère. Elle parle peu ou pas. Tout chez elle est dans le regard, ni amer, ni fâché. Mais existe-t-il des mots pour la décrire ? Elle est infinie.
- La tristesse, c’est l’infini !
Elle vient le soir avec l’obscurité, silencieuse, imperceptiblement. Elle est déjà « là » au moment où on la croit encore loin. Ne se livrant jamais à la moindre objection, à la moindre contestation, elle mêle à tout ce que vous pensez sa touche discrète : et cette « touche » est infinie.
La tristesse est un reproche, une plainte, un manque. Je crois qu’elle s’est approchée de l’homme le soir où Adam a « goûté » au fruit de l’arbre et a été chassé du Paradis. Depuis lors elle n’est jamais bien loin de lui. Toujours là « quelque part » : mais elle ne se montre qu’au crépuscule.
Vassili ROZANOV, Feuilles tombées (traduction de Jacques Michaut)
Elle n’est ni richement, ni pauvrement vêtue. Plutôt maigrichonne. Je crois qu’elle ressemble à ma mère. Elle parle peu ou pas. Tout chez elle est dans le regard, ni amer, ni fâché. Mais existe-t-il des mots pour la décrire ? Elle est infinie.
- La tristesse, c’est l’infini !
Elle vient le soir avec l’obscurité, silencieuse, imperceptiblement. Elle est déjà « là » au moment où on la croit encore loin. Ne se livrant jamais à la moindre objection, à la moindre contestation, elle mêle à tout ce que vous pensez sa touche discrète : et cette « touche » est infinie.
La tristesse est un reproche, une plainte, un manque. Je crois qu’elle s’est approchée de l’homme le soir où Adam a « goûté » au fruit de l’arbre et a été chassé du Paradis. Depuis lors elle n’est jamais bien loin de lui. Toujours là « quelque part » : mais elle ne se montre qu’au crépuscule.
Vassili ROZANOV, Feuilles tombées (traduction de Jacques Michaut)
lundi 9 novembre 2009
L'abeille
Quelle, et si fine, et si mortelle,
Que soit ta pointe, blonde abeille,
Je n'ai, sur ma tendre corbeille,
Jeté qu'un songe de dentelle.
Pique du sein la gourde belle,
Sur qui l'Amour meurt ou sommeille,
Qu'un peu de moi-même vermeille
Vienne à la chair ronde et rebelle !
J'ai grand besoin d'un prompt tourment :
Un mal vif et bien terminé
Vaut mieux qu'un supplice dormant !
Soit donc mon sens illuminé
Par cette infime alerte d'or
Sans qui l'Amour meurt ou s'endort !
Paul VALERY, Charmes
Que soit ta pointe, blonde abeille,
Je n'ai, sur ma tendre corbeille,
Jeté qu'un songe de dentelle.
Pique du sein la gourde belle,
Sur qui l'Amour meurt ou sommeille,
Qu'un peu de moi-même vermeille
Vienne à la chair ronde et rebelle !
J'ai grand besoin d'un prompt tourment :
Un mal vif et bien terminé
Vaut mieux qu'un supplice dormant !
Soit donc mon sens illuminé
Par cette infime alerte d'or
Sans qui l'Amour meurt ou s'endort !
Paul VALERY, Charmes
dimanche 8 novembre 2009
Eternidad
Aujourd’hui aussi, à l’âge de l’anthropologie, l’homme ne peut se devoir à lui-même en ce qu’il a de plus propre, sans prendre réflexivement et techniquement conscience de sa provenance du Dieu créateur, et surtout de sa « naissance de Dieu » par grâce (Jn 1, 13). C’est pourquoi il doit aussi reconnaître qu’il tient sa liberté avec son étincelle d’absolu qui lui est donnée, de la liberté éternelle.
Hans Urs von BALTHASAR, La vérité est symphonique
Hans Urs von BALTHASAR, La vérité est symphonique
samedi 7 novembre 2009
Automne
Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe, Livre III
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe, Livre III
vendredi 6 novembre 2009
L'Equité
Mon Seigneur, les yeux sont fermés, les étoiles se couchent, les oiseaux dans leurs nids et les monstres dans les abîmes ne bougent plus. Et Tu es le Juste qui ne subit aucun changement, l'Equité qui ne dévie pas, l'Eternel qui ne passe pas. Les portes des rois sont fermées et gardées par leurs chevaliers. Mais ta porte est ouverte à quiconque T'invoque. Mon Seigneur, chaque amoureux est maintenant seul avec son aimée. Et je suis seule avec Toi.
Râbi'a al-'Adawiya (mort en 801)
Râbi'a al-'Adawiya (mort en 801)
jeudi 5 novembre 2009
Marine
Les chars d’argent et de cuivre –
Les proues d’acier et d’argent –
Battent l’écume, -
Soulèvent les souches des ronces.
Mes courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l’est,
Vers les piliers de la forêt,
Vers les fûts de la jetée,
Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.
Arthur RIMBAUD, Poésies
Les proues d’acier et d’argent –
Battent l’écume, -
Soulèvent les souches des ronces.
Mes courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l’est,
Vers les piliers de la forêt,
Vers les fûts de la jetée,
Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.
Arthur RIMBAUD, Poésies
mercredi 4 novembre 2009
Les Pas
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu’ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux ! … tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l’apaiser,
A l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n’était que vos pas.
Paul VALERY, Charmes
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu’ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux ! … tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l’apaiser,
A l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n’était que vos pas.
Paul VALERY, Charmes
mardi 3 novembre 2009
L’Etranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J’ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas…là bas…les merveilleux nuages !
Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris, I
- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J’ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas…là bas…les merveilleux nuages !
Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris, I
lundi 2 novembre 2009
La Mort des amants
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un Ange, entrouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal : la Mort.
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un Ange, entrouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal : la Mort.
dimanche 1 novembre 2009
Dimanche de la Toussaint
...le pur amour, l'amour désintéressé, désire infiniment plus le bien de l'être aimé que son propre bien.
Charles de FOUCAULD, Méditations
Charles de FOUCAULD, Méditations
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